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LES PRIMITIFS FLAMANDS XXJ

du premier plan font penser aux jolies créatures peintes par notre maître anonyme, tandis que le paysage, — reproduisant le château de Rumbeke, toujours debout près de Roulers, — rappelle les paysages de Gérard David par la coloration, la précision de dessin, l'individualité des formes, la netteté d'exécution (i). Il est vrai, d'autre part, que dans le "Repos sur la roule d'Égyple de la collection Ch. d'Ursel, où les figures sont sûrement de l'artiste qui peignit les Trois jeunes filles du comte d'Harrach, le paysage n'a plus un caractère brugeois aussi accentué ; il reste néanmoins très flamand et l'on a même prononcé le grand nom de Hobbema en signalant le motif de ce Hepos : un chemin bordé d'arbres en perspective- Le Maître des Femmes à mi-corps a peint également des madones. Elles sont moins connues et montrent des vierges tranquilles, aux attitudes assez mièvres. Sa Sainte Famille de la collection Colnaghi passe pour sa plus belle œuvre de piété.

Nous venons de citer deux œuvres de collections belges qui entrent dans le cycle des productions du Maître des Figures à mi-corps. La Fête au château de Humbeke de la collection de Limburg-Stirum (plutôt d'un intermédiaire entre Gérard David et le peintre des jeunes femmes en buste) et le Repos en Egypte de la collection d'Ursel. Dans ces deux tableaux les figures sont en pied. M. Ch.-L. Cardon, par contre, possède deux peintures qui soulignent à merveille les traits dominants de l'art du Maître des Figures à mi-corps : un portrait d'Éléonore de Portugal (sœur de Charles- Quint et seconde femme de François I"), el "" tableau de genre : la Lettre. Au vrai, le portrait lui-même relève de la peinture de genre; Éléonore (Fig- CLXX), jeune fille grasse et placide, est assise devant son clavicorde et parcourt le clavier de ses mains menues. L'œuvre a quelque affinité avec le portrait d'Isabelle de Bourgogne de la même collection signalé dans notre biographie de Gossart. La Lettre (Fig. CLXXI) met en scène une jeune femme moins individuelle : elle a le décolletage en carré et le corsage bridant la poitrine des figures d'Ambrosius Benson. Dans les deux œuvres le décor s'éclaire de vitres en losange et le peintre, — comme le portraitiste d'Isabelle de Bourgogne, — manifeste son goût pour les vases en orfèvrerie.

Quel est le nom exact de ce maniériste charmant, de ce joli peintre « féminin » qui fut un peu pour l'époque de François I" ce qu'Alfred Stevens fut pour le Second

(i) Cf. Hymans, L'Expoiilton At% PrimlUft. Gaxittt da Btauz^Xrit, 1901. Le »ujtt de c« charmanl tiMau m pas bien plutôt les habitants du château agenouillés sur le passage de la procession 7