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LES PRIMITIFS FLAMANDS 249

La Belgique conserve plusieurs œuvres caraclcristiqucs se rattachant à ce groupe et pouvant même être considérées comme des œuvres remarquables du peintre de Nicaise Hacquenay. Le Musée de Bruxelles n'en possède pas moins de quatre (i). La Sainte Famille (Fig. CLXXXVIII) révèle chez son auteur toutes les préoccupations italiani- santes des Metsys, des Gossart, des van Orley, des Henricus Blesius, La vierge souriante est toute raphaëlesque, la sainte Anne dérive des conception» du Vinci. La facture lisse, infiniment précieuse et encore très traditionnelle trahit un contact avec l'atelier de Quentin Metsys. La Vierge et l'Enfant (Fig. CLXXXIX) est une œuvre de métier moins sûr; les pieds, les mains de l'enfant Jésus sont exécutés assez hâtivement. L'influence de la grande manière romaine, que nous notions chez van Orley, se fait jour également ici dans la tête de la Vierge. D'autres spécimens de ce groupe sont signalés dans diverses collections (notamment dans la galerie Kann à Paris). Le Hepos en Egypte (Fig. CLXXXX) est une œuvre admirablement peinte. Les vêtements, les mains de la Vierge et de l'enfant sont d'un maître qui n'a rien oublié des pratiques de notre école qualtrocentiste. Le type de la madone manque cette fois de distinction; c'est une bonne petite vierge septentrionale, aux lèvres saillantes, à la coiffure sans coquetterie. Le paysage, précis avec douceur, est tout à fait dans la manière de Patenier. L'œuvre a été acquise d'ailleurs par le Musée de Bruxelles comme étant de la main du maître dinantais (2). Certains pensent que Josse van Clève confiait souvent l'exécution de ses paysages à maître Patenier; aucun document ne corrobore celte hypothèse (3).

Au Musée d'Anvers est une Adoration des Mages qui ornait autrefois le monument de Louis Clarys, à la cathédrale (n" 464). On a prononcé pour cette œuvre les noms de Durer, de van Orley, de Patenier et de Josse van Clève dit le fou. Elle doit prendre rang dans le catalogue du maître de la Mort de Marie. Les influences italiennes, les traditions léguées par Quentin Metsys s'y combinent de la plus heureuse manière. Dans les arcades en ruines abritant la Sainte Famille, dans les types des rois Mages, dans la fantaisie du paysage et le fourmillement des guerriers du fond reparaît l'un des signes les plus curieux de la décadence gothique, ce romantisme ingénu dont la plus ancienne trace se relève, je pense, chez Gérard David, qui s'affirme chez Gos- sart et surtout chez Blés, et auquel le maître de la Mort de Marie sacrifie lui-même avec tant d'enthousiasme et de verve dans une de ses œuvres types : l'Adoration des Mages du Musée de Naplcs

» van Clève, écrit van Mander, était vraiment le meilleur coloriste de son temps :

(1) C(. lu n°' io5, 65i, 349 et 583 du Catalogue Waultrj

(1) Elle a ilé restituée à J. van Clive 1°*^ par M, Durand.-Gr<villc, Cbronique da .1rl$.

(3) Si ce n'est une affirmation de Van Mander.