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LES PRIMITIFS FLAMANDS 3o3

Lombard et il y a trois à quatre mois on pouvait encore dire que l'hypothèse la moins scientifique régnait en maîtresse dans le catalogue du maître.

Les études sur la production picturale de Lambert Lombard auront désormais un point d'appui. On voyait en effet à l'exposition rétrospective de Charleroi une Déposi- tion de Croix (collection de M"' Meses à Casterlé) signée Lombard et datée i556. (Fig. CCXIX). C'est la seule œuvre portant le signature du maître et je pense qu'on peut tenir cette signature pour authentique. Il serait exagéré de dire que la peinture est d'un grand charme et que la composition révèle un génie dramatique original. Les tradi- tions techniques de Gossart sont oubliées et le tableau, brossé avec énergie, s'apparente au contraire singulièrement à la manière de l'élève de Lombard, Franz Floris, dit l'Incomparable. Les manteaux sont traités à la romaine, les têtes ont des proportions un peu exagérées pour la hauteur des figures ; le Christ est très soigneusement dessiné et modelé. Il est un peu déconcertant de constater que les dessins qui nous sont restés de Lambert Lombard représentent toujours des figures élancées, de structure mante- gnesque et qu'aucune influence de Mantegna n'apparaît dans cette Béposilion. On a écrit, puis reproduit à l'envi ce jugement assez baroque : « Lambert Lombard s'est inspiré des anciens, filtrés par Mantegna et Bandinelli. » Bandinelli n'a rien à voir dans cette affaire, en tout cas moins que Mantegna. Certaines figures de la Déposition feraient au contraire penser à ces œuvres anciennes des Fronçons signalées par Goltzius, Remarquons aussi que dans ce tableau de la collection Meses un seul acteur épisodique se mêle aux personnages sacrés et traditionnels de la Déposition, — l'homme à barbe pointue, placé à gauche du spectateur, devant la petite scène de la mise au tombeau. Cel homme ressemble beaucoup aux portraits dans lesquels on reconnaît Lambert Lombard peint par lui-même. Le peintre aurait donc tenu à figurer dans l'œuvre pieuse (i).

Lambert Lombard peignit plus d'une Déposition. Nous avons mentionné celle de la famille Tornaco (on croit en posséder le dessin à Liège), malheureusement perdue. Une Déposition de Croix attribuée à Lombard figure au catalogue de la National Gallcry. — On a complètement supprimé de l'œuvre du maître une série de Cènes dont on le croyait l'auteur (Musée de Bruxelles, Musée de Liège, Musée de Nurem- berg, prototype dans la collection Cook à Richmond) que les uns à la suite de M. Hymans inscrivent à l'actif de Pierre Coecke et pour lesquelles d'autres ont inventé un « maître des saintes Cènes » (2). Le sujet a certainement été abordé par l'artiste liégeois et notamment dans un retable que nous mentionnions à la cathédrale Saint-

(1) C'ctt n. Julei D«tr<c, organisateur de l'cxpotilion de Charleroi, qui noua a commaiiiqai c«a r«inar<|aea aar la ft^

aence pouible de Lambert Lombard dans celte lUpotiUcn. (a) Voir notre chapitre XXXV.