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LES PRIMITIFS FLAMANDS iti

personnages ne sont plus alignés cette fois par rangs superposés et le peintre dispose les portraits avec plus de pittoresque et de naturel. La famille van Berchem est groupée autour d'une table supportant un clavicorde ; l'instrument est joué par une femme qu'accom- pagne un joueur de luth. Deux enfants vont manger une orange que leur prépare une aïeule; dans le fond est reproduit un portrait d'ancêtre. Les figures sont de grandeur naturelle et l'œuvre, d'un dessin serré, d'un coloris à la fois mat et puissant, a gardé toute sa force initiale. Une magnifique nature morte étalée sur la table la rend encore plus riche. On a pu l'admirer à l'Exposition des portraits anciens qui fut organisée dans les locaux du Musée moderne de Bruxelles en 1897; elle y avait pour pendant un groupe de onze personnes de la collection du baron de Woelmont, œuvre très proche de la Famille van Berchem comme sujet, comme coloration, comme esprit. Dans cette "Réunion du baron de Woelmont on croyait reconnaître les portraits de Fourbus et de sa famille (i).

Les magnifiques volets que Pourbus peignit pour la Transfiguration de Gérard David (Notre-Dame, Bruges) (2) datent de l'année 1573 et représentent à gauche Anselme Boetius et ses sept fis, à droite sa femme Jeanne Voet et ses trois filles. Les figures féminines sont de premier ordre et ces jolis modèles blonds, coiffés à la Marie Stuart, la poitrine chargée de chaînes d'or, sont d'un effet très séduisant. Les patri- ciennes peintes par Pourbus gardent les coquetteries des saintes et des princesses de Memlinc; elles n'ont plus leur immatérialité. En 1674 Pourbus peignit le triptyque de VAdoration des Bergers conservé également à Notre-Dame. Dans la partie centrale, d'une composition fort soignée, le peintre ne se dégage pas de l'académisme de ses Cènes; son saint Joseph a une attitude de modèle salarié. Comme toujours les donateurs des volets sont excellents : à gauche sire Josse de Damhoudere et ses quatre fils présentés par saint Jacques ; à droite Louise de Chantraine avec ses filles présentées par saint Louis.

Pour être complet citons encore à Bruges : au Musée, des Scènes de la Passion (grisaille) ; à l'église Saint-Jacques, une Transfiguration, ex-voto de la famille Soyer van Maele (datée 1578); dans la collection Coppieters 't Wallant le portrait de Pierinc Hellinc (1571). Au Musée de Bruxelles est l'une des dernières œuvres du maître, le portrait de /. van der Gheenste, échevin de Bruges (i583) simple, vigoureux, où nous retrouvons la facture lisse des Fernaguut, mais non plus la même souplesse dans les chairs, cette fois jaunâtres et ligneuses. Le Musée impérial de Vienne possède égale- ment des portraits authentiques de P. Pourbus, notamment celui de l'orfèvre Martin Marquard. La liste des portraits exécutés par le « dernier peintre de Bruges » reste à

(1) Cf. H. HrMANi. Vn» txpoUHon dt poriratli ai%cUtu à BruMiia. Oaxitt* in Bmu^XrU I. XYDI, 1897, p. i«i.

(1) Voir nolrt chapitrt XVII.