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3l6 LES PRIMITIFS FLAMANDS

gnée d'une Résurrection où Dieu le Père apparaissait à la partie supérieure. Les Vcrtnay (Verman) et Fourbus de Vermay mentionnés dans les comptes de Cambrai au XVI' siècle et au XVIP descendraient de Jean-Cornelisz. Vermeyen était un homme de haute taille et portant une longue barbe ondoyante qui lui tombait à la ceinture ; van Mander assure même qu'elle lui venait aux pieds ! A cause de ce magnifique ornement capil- laire, Charles-Quint aimait à présenter l'artiste aux princes étrangers. Les vieux anna- listes de notre peinture s'occupent fort de cette barbe ; quelques renseignements précis sur les peintures de Vermeyen feraient mieux notre affaire, remarquerons-nous avec M. von Wurzbach. Les gravures du maître témoignent d'une réelle originalité et s'animent de motifs exotiques et de costumes fantaisistes du plus vif intérêt. Il faut écarter l'hypothèse qui identifie Jean-Cornelisz Vermeyen avec Jean de Rome, lequel fut également peintre de la gouvernante Marguerite d'Autriche. Jean de Rome travaillait en i5t3 pour la confrérie du Saint-Sacrement de Louvain ; il était donc l'aîné de Vermeyen d'une dizaine d'années. Aucune « peinture » n'a pu être attribuée avec une certitude absolue à Jean Cornelisz, — sauf la gouache signée qui représente la Pacification de Gand, composition d'une soixantaine de figurines que conserve la bibliothèque royale de Bruxelles. L'exécu- tion n'est point sans mollesse et le groupement géométrique des personnages n'offre qu'un intérêt tout protocolaire (Fig. CCXXIX). Trois œuvres sont attribuées à Vermeyen au musée ancien de la capitale belge : un grand triptyque dit des Micault et deux portraits. Le triptyque (Fig. CCXXX) représente au centre la "Résurrection de Lazare ; divers monuments antiques et orientaux forment le décor du fond (Panthéon ? Colysée ? Obé- lisque). Les personnages ont des formes lourdes ; un enfant au premier plan exhibe des jambes d'athlète affreusement pesantes. L'orientalisme de Vermeyen (si l'illus- trateur du siège de Tunis est bien l'auteur de ce triptyque) ne saurait être confondu avec celui de Gentile Bellini. Le volet gauche rassemble Jean Micault, trésorier de la Toison d'Or, receveur général des finances de Charles-Quint, et ses trois fils ; sur le volet de droite sont représentées la femme de Jean Micault, Livine van Velle et ses quatre filles. Ces portraits sont exécutés avec grand soin et un sentiment remarquable du modelé. Leur valeur plastique dépasse leur mérite pictural. L'attribution du triptyque des Micault à Jean-Corneliz Vermeyen est de M. Camille Benoit lequel écrivait en 1899 dans la Chronique des Arts : « Rendu célèbre par les dessins qu'il exécuta sur place, du siège de Tunis, dessins dont furent tirés les cartons de tapisseries conservés à Vienne présentement, il (Vermeyen) s'était fixé à Bruxelles à son retour d'Afrique. Van Mander, qui nous l'apprend, ajoute qu'il y avait là de lui, à Sainte-Gudule, plusieurs beaux tableaux et portraits. Or, les Micault étaient de Bruxelles, au service de Charles-Quint. Jean Micault, le père, accompagna l'empereur dans son