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LES PRIMITIFS FLAMANDS

Philippe II » digne précurseur de Philippe IV » il exécute maints chefs-d'œuvre : Jeanne d'Autriche (Prado), Elisabeth de Valois (collection Bischoffsheim, Londres), /. da Trezze (collection du Stuers, Paris), le bouffon Pereson (Pradoi. « Philippe II, tout le démontre, était grandement attaché à son peintre. Héritier des princes de sa race par son amour de l'art, il nous apparaît, aussi, comme un digne précurseur de Phi- lippe IV, son petit-fils, dont les relations avec les deux grands peintres de son temps : Rubens et Velasquez, ont concouru avec éclat au prestige de son nom devant l'his- toire » (i). Il existe au Musée de Bruxelles une grande toile représentant Philippe II debout, vêtu de noir, près d'une table où sont déposés le sceptre et la couronne. L'œuvre provient d'Espagne ; elle n'a pas un grand mérite d'exécution mais il n'est pas défendu d'y voir une répétition d'un portrait perdu de Philippe II peint par Moro (Fig. CCXXXIII).

Revenu dans les Pays-Bas, Moro y peignit le beau portrait de son maître van Scorel (Society of Antiquaries, Londres), l'Homme au Gant (Brunswick) et ce magnifique chef-d'œuvre qui est au Louvre Le nain de Granvelle (et non de Charles-Ouint) qui annonce, tout comme le bouffon Pereson, les chefs-d'œuvre de Velasquez. Comme pages capitales de cette époque, citons encore le portrait de Marguerite de Parme (Musée de Berlin), de Thomas et lady Gresham (Musée impérial, Saint-Pétersbourg). Moro passe la dernière partie de sa carrière au service du duc d'Albe, dont il peint à nouveau le portrait (Musée de Bruxelles. Fig. CCXXXIV) et qui lui témoigne la plus grande faveur. Il existe dans la collection du duc d'Albe une effigie du célèbre gouver- neur des Pays-Bas, œuvre inachevée due, croit-on, à Guillaume Kcy. Ce portrait n'a pas les caractères de celui de Bruxelles ; la couleur est plus grasse et le grand général y devient un personnage pacifique de Pourbus. Rien n'autorise à considérer Guillaume Key comme l'auteur du portrait bruxellois (2). Quelques critiques avaient risqué cette hypothèse ; ils ont dû y renoncer et V Alvarez de Tolède du Musée de Bruxelles est presque unanimement rendu à Moro. L'œuvre est trop connue pour que nous tentions de la décrire et il n'est point de visiteur du Musée de Bruxelles qui ne garde dans la mémoire ce visage sec et froid, ce masque .d'autorité qui est moins celui d'un tyran implacable que celui d'un fonctionnaire résolu jusqu'au plus fol entêtement.

Moro fut appelé aussi à pourtraire le fils du terrible duc (Vienne) et maints personnages importants, parmi lesquels il faut citer surtout Antoine del Rio et tous les siens (Louvre) et le magnifique Orfèvre du Musée de La Haye. Moro vivait à Anvers et avait à son service Joachim Beuckelaer. Ses dernières œuvres furent le délicieux portrait

(1) Htmans. Antonio Moro^ p. lit.

il) Le porirail d< la collection d'Albe de Madrid e«l attribué par lea una i Guillaome Key, par le* autres i *o« nevea A4r<ra.