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LES PRiniTirS FLAMANDS

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rue du Jardin des Arbalétriers; il habita l'une des deux, l'appela Saint-Quentin, et dans la façade, plaça l'image de son patron forgée en fer et polychromée. Cette statuette existait encore en i6S8, affirme van Fornenberg; elle passait pour une auvre martelée par le maître lui-même.

« •

Dominique Lampsonius (né à Bruges en iS33) publia en tSji chez Jérôme Cock à Anvers un recueil de portraits des peintres célèbres des Pays-Bas, et sous chaque portrait il fit graver une inscription en vers latins résumant la vie de l'artiste représenté. Pour Quentin Metsys, il est dit : « Autrefois j'étais un ouvrier forgeron ; mais dès qu'un peintre aussi épris que moi commença à se faire mon rival, et que la timide jouvencelle m'eut avoué qu'elle préférait au fracas des marteaux le travail silencieux du pinceau, l'amour me rendit peintre... (1). » Van Mander, de son côté, raconte que Metsys, atteint d'une grave maladie vers l'âge de vingt ans et incapable d'exercer le rude métier de forgeron, entreprit, sur le conseil de quelques amis, d'enlu- miner des images de sainteté. « Grâce à un travail soutenu, il y réussit en peu de temps et devint un maître excellent. » Le chroniqueur du Schilderboek croit d'ailleurs que cette version n'est pas incompatible avec celle de Lampsonius et que Metsys, ayant pratiqué la peinture pendant sa convalescence, « reprit ses pinceaux, après son rétablissement, pour conquérir l'affection de la personne qui avait captivé son amour (2) ».

La critique actuelle fait bon marché de ces historiettes. Dégageons-en la grande surprise que causa le changement de carrière du jeune artiste et le besoin d'expliquer cette évolution par quelque cause extraordinaire. En vérité nous ne savons rien sur l'appren- tissage pictural du maître. Les légendes meurent sans qu'une réalité précise les rem- place. On croyait il y a quelque temps avoir tout expliqué en disant que la vue des œuvres de Roger van der Weyden et de Thierry Bouts conservées dans les églises et édifices de Louvain avait orienté le jeune forgeron vers la peinture et fixé son idéal. Cette explication parut insuffisante. M. Cohen, dans une importante thèse de doctorat (3), voit en Albert Bouts, le second fils de Thierry (4), le maître de Quentin

(1) LiiMrtOMiu», Don. PkIvruM altqu»! ctMrlum tttrmami» tnftriarit t((lgiu. Aniwcrpw, iS/t. C(..Vm Etsi. VM» ieol», pp. 34e tl 34S.

(a) C{. Van Ev«m, p. }4i.

(i) CoHIN, Walt». StuditR w Qiàtiai* M«t<y<, OoktordUMrKIiaa. Boiib, tf»4.

(4) C|. nuire Ch. X.