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198 LES PRIMITIFS FLAMANDS

Charles-Quint, pourrait bien être une œuvre de Quentin Metsys..., à moins qu'elle ne fût de Jean Gossaert, comme le propose M. C. Justi, ou de Bernard van Orley, comme nous sommes tenté de le croire avec M. Jacobsen.

Il nous reste à parler des célèbres portraits d'Erasme cl d'^gidius.

L'un des plus sincères admirateurs de Quentin Metsys à Anvers était Pierre Gillis ou iïgidius, secrétaire de l'échcvinage d'Anvers, ami d'Erasme et de Thomas Morus qui laissa sur lui ce jugement : « Pendant le séjour que je fis à Anvers, je reçus souvent la visite de Pierre Gillis, citoyen de cette commune. D'un rang élevé, d'une politesse exquise, et savant non moins que généreux, Gillis possède toutes les qualités qui constitue un ami véritable. Sa conversation est spirituelle et enjouée, et je lui dois d'avoir adouci, par 1 attrait de ses entretiens, les regrets que j'éprouvais d'être éloigné de ma patrie, de ma femme et de mes enfants. » Dans le courant du mois de septembre de l'année 1517 Erasme, se trouvant à Anvers, annonça à Thomas Morus le prochain envoi de son portrait et de celui de Pierre Gillis par Quentin Metsys. « Je t'envoie les peintures, dit Erasme au chancelier d'Angleterre, afin que nous soyons toujours près de toi, même quand nous aurons disparu. Pierre et moi sommes intervenus à parts égales dans la dépense, non que l'un de nous ne l'eût volon- tiers supportée seul, mais pour que l'hommage fût vraiment collectif. » L'accusé de réception envoyé à vî)gidius est daté " Calele, sexto octobris 1617 » : « J'écris à Erasme et je t'envoie la lettre, dit Morus. Je n'ai point de secret pour toi. Tu trouveras ci-joint la copie de quelques vers que m'a inspirés ce tableau. Ils sont aussi médiocres que celui-ci est excellent. S'ils t'en paraissent dignes, montre-les à Erasme. Dans le cas contraire jette-les au feu... » Les vers furent soigneusement gardés et nous ont été transmis. Thomas Morus y fait grand éloge de Metsys :

Quintine. o veteris novator arlis Magno non minor arlifex Apelle...

A la fin du XVII' siècle le diptyque est encore signalé par Bullart. « On y a veu (en Angleterre) de nostre temps, au cabinet du roy Charles I", ce beau portrait en ovale d'Erasme de Rotterdam et de Pierre Gille, si célèbre par ses propres perfections et par les vers que Thomas Morus a pris la peine d'écrire à sa louange dans lesquels il exprime fort agréablement le mérite du sujet et celui du tableau (i) ». Le portrait de Pierre Gillis est conservé dans la collection de lord

(t) Cité par Htmans, art. cité.