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ai 2 LES PRIMITIFS FLAMANDS

et tout fait supposer que la jolie Vierge du Musée de Bruxelles (i), avec ses chairs dorées, son élégance empruntée à la Belle Ferronnière, n'est autre que l'épouse de l'amiral de Zélande (Fig. CLVIl). Et quelle distance, cette fois, sépare le gras bambino des enfants parcheminés que peignaient nos gothiques ! La noble dame trouva le tableau de son goût ; Jean Mabuse fut autorisé à exécuter deux répliques de cette Vierge mondaine; l'une est à Dresde, l'autre à Munster (i).

L'année \5z5 furent peints par Gossart, en grandeur naturelle, à mi-corps, les trois enfants du roi Christian de Danemark : Hans, Dorolhea et Christine (Hampton Court). Van Mander en parie et l'œuvre impressionna si vivement les contemporains qu'il en existe de nombreuses copies (chez lord Folkenstone, à Corsham Court ; chez lord Pem- broke et à Sudely Castle). C'est à la même époque, sans doute, que le maître fui chargé par Christian II de peindre deux de ses favoris en une œuvre que signale l'inventaire des collections de Marguerite d'Autriche : « la pourtraicture au vif des nayn et nayne du Roy de Danemarcque, faite par Jehan de Maubeuge, fort bien faict ». Remarquez le fort bien faicl. L'auteur de l'inventaire n eût point refusé son éloge non plus à la "Danaé recevant la pluie d'or que « Joannes Malbodius » peignit et signa en 1527 (Pinacothèque de Munich). Et soyons convaincus aussi que Lucas de Leyde — qui vint à Middelbourg cette même année 1527 sur son treckschuyt, — admira fort cette jeune femme assise dans une sorte de tempielto du meilleur style braman- tesque à travers la colonnade duquel on aperçoit de magnifiques monuments à galeries et coupoles... Les chroniqueurs prétendent, il est vrai, que Jean Mabuse jalousa terriblement le jeune et riche Lucas de Leyde et qu'il le promena de ville en ville — à Anvers, à Gand, à Malines — pour le faire finalement empoisonner par des peintres envieux ! Mais Gossart n'avait guère le temps de ciceroner de la sorte un jeune émule. Non seulement il peignait beaucoup, mais on le consultait pour des travaux d'architecture et de sculpture. Le roi Christian demanda au maître de veiller à la construction du tombeau de sa femme Isabelle d'Autriche, morte en janvier 1526, au château de Sw>ynaerde-lez-Gand et sur le désir du monarque exilé — Christian avait été chassé de ses états en i523 « aux clameurs d'une foule immense » — Jean de Maubeuge se rendit à Gand en iSzS pour causer avec le roi et le sculpteur du mausolée (3).

(1) Cf. n" 191 du Catalogue Wauter». " Van Mandtr dit que Gossan, étant au service d'Adolphe de Bourgogne, peignit une Vierge et l'Enfant Jésus, tableau d'une exécution très soignée : la femme d'Adolphe avait posé pour la Vierge et l'un de ses enfants pour le petit Jésus ^\ Catalogue, p. 81.

(i) Nous en avons trouvé une troisième récemment au Musée d'Ypres, mais elle n'est pas de la main de Gossart. Une petite Vttrgt non cataloguée du Musée de Bruxelles se rapproche également, comme allure générale, du portrait présumé d'Anne de Berghes.

(î) M. James Weaie dans une brochure sur Lancelot Blondeel (Bruges, Delplanche, 1908), dit que le célèbre dessinateur de la Chem.née du Franc alla consulter Jean Gossart en 1529, et que ce dernier reçut 20 livres pour sa consultation.