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21 8 LES PRIMITIFS FLAMANDS

figures de saint Christophe en croquis (quatre pour les uns, neuf pour les autres) ; avant son départ il lui remit en outre un petit tableau de Hans Baldung Grien. D'autre part, le Pensionnaire d'Anvers, Adrien Herbouts, offrit à Durer une œuvre de Joachim Patinir représentant Loth et ses filles.

Palinir mourut trois ans après son second mariage. Les peintres Quentin Metsys, Karel Alaerts et Jan Buyts, beau-frère de Patinir, furent les tuteurs de ses enfants. Van Mander fit à maître Joachim une réputation de buveur et de débauché. Mais il est probable que le vieux chroniqueur, mal informé, se trompa comme il l'avait fait pour Gossart, et mit au compte du maître dinantais les exploits d'un jeune peintre, Henri de Patenier (cité dans la Gilde d'Anvers en i535). Un artiste qui gaspille ses deniers au cabaret n'achète pas une maison. Van Mander dit que Palenir peignait souvent dans ses paysages un bonhomme mettant chausses bas (i); aucune œuvre authen- tique du maître ne montre pareille figure; ici encore, il faut sans doute voir en Henri de Patenier lauteur responsable de ces scurrilités.


Nous avons suffisamment indiqué l'importance accordée par Jean Van Eyck, Thierry Bouts, Gérard David à leurs fonds de paysages, pour qu'apparaisse pleine- ment l'inanité de ce titre de « créateur du paysage » conféré à Joachim Palinir. Il est exact pourtant de voir en lui le peintre qui, le premier, traita le paysage comme genre spécial. Le goût des aspects panoramiques et accidentés que les Flamands avaient puisé sûrement dans la vue de la nature et des œuvres du nord de l'Italie, est souligné chez lui par une sorte de romantisme de détails inspiré de Jérôme Bosch. Des rochers fantastiques, avec burgs et villes, se profilent dans ses lointains. On y veut voir des motifs mosans, comme dans les paysages de Blés. Sans doute il n'est pas étonnant qu'un peintre dinantais se sentît du penchant pour les sites de ce genre. Mais nous inclinons à croire que l'idée première de ces fonds montagneux, adoptés par tous les Flamands au début du XVI* siècle, vient de Lombardie.

Les arrière-plans de Patinir s'étoffent de petits personnages, peints avec des délicatesses de miniaturiste et représentant le Massacre des Innocents, le Pillage d'une ville, tandis qu'au premier plan, des figures plus grandes évoquent la Fuite en Egypte, ou incarnent quelque saint. Ces figures, petites et grandes, sont bien de

(i) £en manneken zijn gbeuoegb doende.