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Lussac, l’illustre auteur de l’Instruction sur les paratonnerres.


détails relatifs à la construction des paratonnerres.

Un paratonnerre est une barre métallique ABCDEF (fig. 282), s’élevant au-dessus d’un édifice, et descendant, sans aucune solution de continuité, jusque dans l’eau d’un puits ou dans un sol humide. On donne le nom de tige à la partie verticale BA, qui se projette dans l’air au-dessus du toit, et celui de conducteur à la portion de la barre, BCDEF, qui descend depuis le pied B de la tige jusque dans le sol.

Fig. 282.

De la tige.

La tige est une barre de fer carrée BA, amincie de sa base à son sommet, en forme de pyramide. Pour une hauteur de 7 à 9 mètres (21 à 27 pieds), qui est la hauteur moyenne des tiges qu’on place sur les grands édifices, on lui donne à sa base de 54 à 60 millimètres de côté (24 à 26 lignes) : on lui donnerait 63 millimètres (28 lignes) si elle devait s’élever à 10 mètres (30 pieds)[1].

Le fer étant très-exposé à se rouiller par l’action de l’eau et de l’air, la pointe de la tige serait bientôt émoussée ; pour obvier à cet inconvénient, on retranche de l’extrémité de la tige une longueur d’environ 55 centimètres, et on la remplace par une tige conique de cuivre jaune, dorée à son extrémité ou terminée par une petite aiguille de platine de 5 centimètres (2 pouces) de longueur[2]. L’aiguille de platine est soudée, à la soudure d’argent, avec la tige de cuivre ; et pour qu’elle ne puisse point s’en séparer, ce qui arriverait quelquefois malgré la soudure, on renforce l’ajustage par un petit manchon de cuivre. La tige de cuivre se réunit à la tige de fer au moyen d’un goujon qui entre à vis dans toutes deux ; il est d’abord fixé dans la tige de cuivre par deux goupilles à angle droit, et on le visse ensuite dans la tige de fer, dans laquelle il est aussi retenu par une goupille. On peut, sans aucune espèce d’inconvénient, ne point employer de platine et se contenter de la tige conique de cuivre, et même ne pas la dorer si l’on n’en a pas la facilité sur les lieux. Le cuivre ne s’altère pas profondément à l’air, et en supposant que sa pointe s’émoussât légèrement, le paratonnerre ne perdrait pas pour cela son efficacité.

Une tige de paratonnerre, de la dimension supposée, étant d’un transport difficile, on la coupe en deux parties, au tiers ou aux deux cinquièmes environ de sa longueur, à partir de sa base. La partie supérieure s’emboîte exactement, par un tenon pyramidal de 19 à 20 centimètres (7 à 8 pouces), dans la partie inférieure et une goupille l’empêche de s’en séparer. On doit cependant, autant qu’on le pourra, ne faire la tige que d’une seule pièce, parce qu’elle en aura plus de solidité.

Au bas de la tige, à 8 centimètres (3 pouces) du toit, est une embase soudée au corps même de la tige ; elle est destinée à rejeter l’eau de pluie qui coulerait le long de la tige, et à l’empêcher de s’infiltrer dans l’intérieur du bâtiment et de pourrir les bois de la toiture[3].

Immédiatement au-dessous de l’embase, la tige est arrondie sur une étendue d’environ 5 centimètres (2 pouces), pour recevoir un collier brisé à charnière, portant deux oreilles, entre lesquelles on serre l’extrémité du conducteur du paratonnerre, au moyen d’un boulon. Au lieu du collier, on peut faire un étrier carré qui embrasse étroitement la tige ; on en voit la projection verticale en Q, et le plan en R (fig. 283, 284), ainsi que la manière dont il se réunit avec le conducteur. Enfin on peut encore, pour dimi-

  1. La manière la plus avantageuse de faire une barre pyramidale est de souder bout à bout des morceaux de fer, chacun d’environ 80 centimètres (2 ½ pieds) de longueur, et d’un calibre décroissant.
  2. On peut remplacer l’aiguille de platine par une aiguille faite avec l’alliage des monnaies d’argent, qui est composé de 9 parties d’argent et 1 de cuivre.
  3. Pour faire l’embase, on soude un anneau de fer sur la tige, et on l’étire circulairement sur l’enclume en inclinant ses bords de manière à obtenir un cône tronqué très-aplati.