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donner aux tiges 2 mètres de longueur ; mais on donnera aux mâts une hauteur telle, qu’avec leurs tiges ils dominent les bâtiments au moins de 4 à 5 mètres. On fera aussi très-bien de multiplier les paratonnerres plus qu’on ne le ferait partout ailleurs, car ici les accidents sont des plus funestes. Si le magasin était très-élevé, comme, par exemple, une tour, les mâts seraient d’une construction difficile et dispendieuse pour leur donner la solidité : on se contenterait, dans ce cas, d’armer le bâtiment d’un double conducteur ABC (fig. 301), sans tige de paratonnerre, qu’on pourrait faire en cuivre. Ce conducteur, n’étendant pas son influence au delà du bâtiment, ne pourrait attirer la foudre de loin, et il aurait cependant l’avantage de garantir le bâtiment de ses atteintes s’il en était frappé ; de sorte que ceux-là mêmes qui rejettent les paratonnerres, parce qu’ils croient qu’ils déterminent la foudre à tomber sur un bâtiment qu’elle eût épargné sans eux, ne pourraient faire aucune objection fondée contre la disposition qui vient d’être indiquée. On pourrait armer d’une manière semblable un magasin ordinaire ou tout autre bâtiment (fig. 302). À défaut de paratonnerres, des arbres élevés, disposés autour des bâtiments à 5 ou 6 mètres de leurs faces, les défendent efficacement de la chute de la foudre.

Fig. 302.

Paratonnerres pour les bâtiments de mer.


Fig. 303.

Pour un vaisseau la tige du paratonnerre se réduit à la partie de cuivre qui a été décrite pour le paratonnerre type. Cette tige est vissée sur une verge de fer ronde CB (fig. 303), qui entre dans l’extrémité I de la flèche du mât de perroquet, et qui porte une girouette. Une barre de fer MQ, liée au pied de la verge, descend le long de la flèche et se termine par un crochet ou anneau Q, auquel s’attache le conducteur du paratonnerre, qui est ici une corde métallique ; celle-ci est maintenue de distance en distance à un cordage, et, après avoir passé dans un anneau fixé au porte-hauban, elle se réunit à une barre ou plaque de métal qui communique avec le doublage de cuivre du vaisseau. Sur les bâtiments de peu de longueur, on n’établit ordinairement qu’un paratonnerre au grand mât ; sur les autres, on en met un second au mât de misaine.


Disposition générale des paratonnerres sur un édifice.



Fig. 304.

On admet, d’après l’expérience, qu’une tige de paratonnerre protège efficacement contre la foudre autour d’elle un espace circulaire d’un rayon double de sa hauteur. Ainsi, d’après cette règle, un bâtiment de 20 mètres (60 pieds) en longueur ou en carré n’aurait besoin, pour être défendu, que d’une seule tige de 5 à 6 mètres (15 à 18 pieds) de hauteur, élevée sur le milieu de son toit (fig. 292 et 304). Dans la figure 292, le conducteur est une corde métallique.

Un bâtiment de 40 mètres (120 pieds), d’après la même règle, serait défendu par une tige de 10 mètres (30 pieds), et l’on en place effectivement de semblables ; mais il serait préférable, au lieu d’une seule tige, d’en élever deux de 5 à 6 mètres (15 à 18 pieds de hauteur), et de les disposer de manière que l’espace autour d’elles fût également protégé de toutes parts, ce à quoi l’on parviendrait en les plaçant chacune à 10 mètres (30 pieds) de l’extrémité du bâtiment, et par conséquent à 20 mètres (60 pieds) l’une de l’autre (fig. 293). Pour trois ou un plus grand nombre de paratonnerres, on suivrait la même règle.

Les paratonnerres des tours et des clochers, en raison de leur grande élévation, doivent certainement étendre leur sphère d’action plus loin que s’ils étaient moins élevés ; mais cette action s’étend-elle, comme on l’a supposé pour des tiges de 5 à 10 mètres, à une distance double de la hauteur de leur pointe au-dessus des objets qu’ils dominent ? Il est