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nera 3 mètres et plus de hauteur au-dessus des toits. Les orifices d’admission de l’air seront aussi nombreux que possible, et ouverts de préférence sur les côtés qui ne reçoivent pas les rayons du soleil. Leurs dimensions seront telles que l’air ne les traverse pas avec une vitesse de plus de 30 à 40 centimètres par seconde (un peu moindre que la vitesse d’écoulement de l’air évacué), et que le volume d’air introduit remplace celui qui est expulsé.

Pour les ateliers, et en général pour tous les locaux éclairés au gaz, il faudra, en outre, assurer l’évacuation des produits de la combustion, soit directement à l’extérieur, soit indirectement par les cheminées de ventilation, dont la marche sera ainsi activée. Ces cheminées devront être d’ailleurs munies de registres pour en régler l’action suivant les circonstances.

L’emploi des persiennes et des stores se recommande ici, comme moyen accessoire d’empêcher l’accès des rayons directs du soleil. Les fenêtres en forme de châssis à tabatière, pourront être recouvertes de toiles arrosées d’eau.

Le deuxième procédé, c’est-à-dire l’arrosage, pourra être appliqué à la plupart des édifices et des habitations dès que la nouvelle distribution d’eau de la ville de Paris sera organisée. C’est un procédé éminemment approprié aux grandes villes. Il imite les effets naturels de la pluie, et il est très-efficace. Un peu plus d’un mètre cube d’eau par heure suffirait pour mouiller 100 mètres carrés de toiture, et les mettre à l’abri de l’échauffement produit par la radiation solaire. Appliqué dès le matin et continué pendant tout le temps que le soleil agit, ce procédé non-seulement s’opposerait à l’échauffement des toits, mais il pourrait même servir à entretenir les parois intérieures des édifices à une température inférieure à celle de l’atmosphère, et à refroidir convenablement l’air qui pénètre dans les combles.

Ce service d’arrosage étant accidentel et ne devant jamais s’appliquer à plus de 60 jours par an, les frais qu’il entraînerait seraient très-modiques. Pour une vaste gare, comme celle du chemin de fer d’Orléans, qui a 138 mètres de longueur sur 28 de largeur, la dépense annuelle d’arrosage ne s’élèverait probablement pas à 1 000 francs.

Ces deux procédés proposés par M. le général Morin, à savoir, l’aération continue et l’arrosage artificiel, se recommandent donc également par leur simplicité et par la modicité de la dépense qu’ils occasionneraient. Leur emploi, qui permettrait d’assurer, en toute saison, la ventilation intérieure des lieux de réunion, constituerait pour la salubrité publique un véritable progrès.

La présentation à l’Académie des sciences, du Mémoire de M. le général Morin, donna occasion à M. Regnault de revenir sur un projet d’aérage qu’il avait soumis, en 1854, au ministère d’État, et qui devait servir pour les bâtiments de l’Exposition universelle de 1855. Dans ce projet, l’illustre académicien avait repoussé les procédés fondés sur le refroidissement de l’air des salles par les moyens physiques artificiels, aussi bien que tous ceux où la ventilation est produite par des machines. Ces moyens lui avaient paru inefficaces, embarrassants et trop coûteux, comme à M. Morin lui-même. Au lieu de recourir à des mécanismes compliqués, il suffirait, selon M. Regnault, d’emprunter la force motrice nécessaire pour la ventilation, à la chaleur même qui est engendrée par le rayonnement solaire. On n’aurait qu’à poser une toiture double en zinc, pourvue d’un certain nombre de cheminées, pour obtenir une ventilation automatique, sous l’influence du soleil lui-même, qui se chargerait de chauffer par appel, ce vaste appareil d’évacuation.

Les bâtiments de l’Exposition universelle de 1855 se composaient du Palais de l’Indus-