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attaques des oiseaux de mer, on entoure leur lanterne d’un grillage en fil de laiton, qui a l’inconvénient d’affaiblir l’intensité de la lumière, cependant ce grillage devient inutile au bout de quelques années ; car le nombre des oiseaux dévastateurs décroît progressivement depuis le moment de l’établissement du phare.

La lanterne est surmontée d’une coupole, NN′, formée de feuilles de cuivre rouge, assemblées par des boulons. Au sommet de cette coupole est établie une petite cheminée, par laquelle se dégagent l’air qui circule dans la lampe, ainsi que les produits de la combustion ; au-dessus est une sphère DD′ traversée par un petit tube d’évacuation e. Cette sphère est elle-même surmontée d’un paratonnerre avec pointe en platine et conducteur en cuivre rouge.

Dans les phares très-élevés, il existe au-dessous de la chambre de l’appareil, une chambre dite de service, S, où couche l’un des deux gardiens qui sont de quart pendant la nuit. Si son collègue a besoin de lui à un moment donné, il peut ainsi se rendre immédiatement à son appel. Cette chambre sert également de magasin pour divers objets relatifs à l’éclairage, tels que lampes de rechange, verres, vases à huile, etc. Elle manque dans les phares de quatrième ordre, qui exigent une moins grande surveillance pendant la nuit.

La plupart des phares, construits en terre ferme, sont occupés dans presque toute leur hauteur, par un escalier intérieur. Cet escalier ne part pas toujours de la base du phare, où se trouve quelquefois établi un vestibule ; il ne commence alors qu’au premier étage. Il ne pénètre pas dans la chambre de service, attendu qu’il y prendrait trop de place ; il s’arrête à 2 ou 3 mètres au-dessous, et se prolonge par un petit escalier en fonte, étroit et rapide. Un autre escalier semblable G conduit de la chambre de service, S, dans celle de l’appareil. Des tambours en menuiserie recouvrent les paliers de ces escaliers afin de mettre obstacle à la violente introduction de l’air dans la lanterne.

La disposition de l’escalier n’est pas la même dans les phares qui sont baignés par la mer, ou dans ceux qui s’élèvent sur des rochers isolés. Les chambres, qui s’étagent sur toute la hauteur de la tour, sont quelquefois reliées entre elles par de petits escaliers en fonte. D’autres fois l’escalier est pratiqué dans une tourelle adossée à la tour principale, ou dans une cage cylindrique prise dans l’épaisseur de la maçonnerie.

La salle destinée aux ingénieurs en tournée d’inspection, est parquetée, lambrissée et meublée avec tout le confortable qu’on peut désirer. Elle se trouve à des hauteurs diverses, suivant les dispositions de l’édifice.

Le nombre et les dimensions des magasins varient avec l’importance du phare. Dans les phares du premier et du second ordre, on compte deux pièces réservées pour cette fin ; dans ceux du troisième et du quatrième ordre, il n’y en a qu’une seule. Les huiles sont renfermées dans des caisses en chêne, doublées en fer-blanc. Tous les accessoires des lampes sont rangés dans des armoires vitrées, à l’abri de la poussière et de l’humidité.

Dans les phares qui s’élèvent sur le continent, les magasins se composent souvent de constructions accessoires, qui flanquent la base de la tour. Mais dans les phares isolés en mer, ils sont logés au sein de la tour même, et le peu de place dont on dispose conduit à les faire aussi exigus que possible.

La figure 295, qui montre, grâce à une coupe verticale, l’intérieur de l’un des plus beaux phares français, celui de Bréhat, dont nous parlerons plus loin, permet de comprendre toutes les dispositions que nous venons de décrire concernant l’intérieur d’un phare.