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CHAPITRE III

le système melsens pour la construction des paratonnerres. — la vie et les travaux de melsens.

Il nous reste à faire connaître les travaux entrepris par Melsens, professeur de chimie à l’École de Bruxelles, qui a consacré un grand nombre d’années à étudier toutes les questions relatives au paratonnerre, et qui a fait adopter en Belgique un ensemble particulier de dispositions pour cet instrument.

Dans le système nouveau proposé par Melsens et adopté par l’Académie royale de Bruxelles, d’après un rapport très approfondi, les longues tiges sont remplacées par des aigrettes métalliques fixées sur tous les points saillants d’un édifice ; et les conducteurs qui sont de petites dimensions, communiquent à la terre par plusieurs points.

Le paratonnerre Melsens est fondé sur ce principe qu’il n’y a jamais d’action électrique qu’à la surface et non à l’intérieur d’un corps bon conducteur de l’électricité.

Melsens, pour démontrer ce principe, faisait la curieuse expérience que voici.

Si l’on suspend à l’un des conducteurs d’une machine électrique un récipient tressé en fil de fer, tel qu’un panier à salade ; et si, lorsque ce récipient est électrisé, on en approche de petites balles en moelle de sureau, on les voit s’élancer d’abord vers le panier métallique, puis s’en écarter, dès qu’elles l’ont touché, preuve évidente de l’état électrique extérieur du récipient. Maintenant, si au lieu d’approcher les balles de sureau de ce panier, on les introduit dans le panier, on voit, par l’immobilité qu’elles conservent, qu’il ne se manifeste aucun effet électrique à l’intérieur du corps qui les renferme.

Faraday répéta sur lui-même cette curieuse expérience, qui prouve bien qu’aucune action électrique ne se manifeste à l’intérieur d’un corps bon conducteur, alors même que celui-ci est mis en communication avec la terre. Le savant physicien ayant observé qu’une cage renfermant des oiseaux et reliée au sol par une chaîne métallique pouvait recevoir de fortes décharges électriques, sans que les animaux qu’elle renfermait en fussent incommodés, se plaça lui-même dans une cage à barreaux de fer que l’on électrisait, et il ne ressentit aucun des effets que font éprouver les décharges électriques.

De cette expérience, Melsens déduisit que pour se préserver de la foudre il suffisait de se placer dans l’intérieur d’un réseau métallique, mis en communication avec un sol bon conducteur.

C’est ainsi que lui vint l’idée de protéger les édifices en les enveloppant d’une sorte de cage de fer, munie de pointes, ou mieux d’aiguilles métalliques, facilitant l’écoulement de l’électricité.

Le paratonnerre Melsens consiste donc en un certain nombre de barres de fer courant tout le long de la ligne de faîte des arêtes du toit, des angles des murs, etc., des édifices à protéger. Ces barres métalliques sont toutes reliées entre elles, et communiquent avec le sol par un grand nombre de points. À leurs principaux points de rencontre, et principalement sur la toiture, on dispose des aigrettes en fil de cuivre, qui jouent le même rôle que nos tiges de paratonnerre et sont, pour le moins, aussi efficaces.

La figure 316 représente les pointes-aiguilles qui sont disposées le long du conducteur de fer.

Un des avantages du paratonnerre Melsens c’est que, communiquant au réservoir commun par plusieurs points, on n’est pas exposé aux dangers qui résultent quelquefois d’une solution de continuité entre la tige des paratonnerres ordinaires et leur conducteur unique.

Le prix de revient de l’établissement d’un paratonnerre Melsens est bien moins élevé