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renferme la salle du bureau central des télégraphes de la rue de Grenelle, représentés sur notre dessin, ne sont pas des télégraphes Baudot. On voit, sur les bancs du fond de la salle, d’autres employés travaillant avec les télégraphes Morse et Hughes.


Un système télégraphique qui permet, quand le service l’exige, d’augmenter le nombre de dépêches expédiées, sans changer autre chose que le nombre des appareils, et sans avoir recours à des employés en nombre plus grand qu’à l’ordinaire, est éminemment précieux dans la pratique. Quand l’intensité du travail l’exige, à certaines heures de la journée, par exemple, un bureau central peut, s’il est muni d’un certain nombre d’appareils Baudot, les grouper sur la ligne à desservir, et le mode de transmission reste le même — c’est le point capital — quel que soit le nombre des employés qui opèrent.

Ajoutons que la manipulation du clavier est simple et rapide, l’employé n’ayant à manœuvrer que cinq touches, et que l’impression, se faisant en caractères d’imprimerie, a l’avantage d’être conforme à nos habitudes en télégraphie.

Ces diverses considérations expliquent la faveur qui a accueilli le système Baudot en divers États de l’Europe.


Nous ne terminerons pas ce chapitre sans dire un mot d’un procès criminel, jugé à Paris, au mois d’août 1888, et auquel a été mêlé le nom de l’appareil Baudot.

Un employé des télégraphes, V. Mimault, avait découvert la manière de combiner les courants positifs et négatifs de la pile, pour composer un clavier à cinq touches, qui permettait de réaliser 32 combinaisons de signes télégraphiques. C’est là, sans doute, le principe du clavier télégraphique, ou manipulateur, de M. Baudot. Mais nous ne croyons pas que M. Baudot ait emprunté à V. Mimault cette idée, déjà connue, au point de vue arithmétique. D’ailleurs, le vocabulaire n’est pas tout, dans l’appareil Baudot. Il faut voir dans cet appareil un perfectionnement admirable du télégraphe multiple de Meyer, qui faisait usage du synchronisme du distributeur, qui envoyait plusieurs dépêches simultanées, mais avait le défaut de ne pas imprimer les dépêches. Le télégraphe que nous devons à M. Baudot renferme tant d’autres combinaisons ingénieuses ; il répond à tant d’indications importantes ; il résout avec tant de bonheur de si nombreuses difficultés de détail, qu’il y aurait une injustice profonde à contester à son savant auteur l’invention de ce beau système mécanique.

Il faut, du reste, s’applaudir que le nom d’un Français soit venu s’attacher à l’une des plus importantes créations de la télégraphie moderne ; car jusqu’ici, les noms de savants étrangers, ceux de Wheatstone, de sir W. Thomson, de Hughes, de Caselli, de Bonelli, tous anglais, américains où italiens, avaient seuls brillé dans cette glorieuse carrière.




CHAPITRE V

la sténo-télégraphie. — appareils de mm. estienne et cassagne.

On doit à M. Estienne, d’une part, et à M. A. Cassagne, d’autre part, des appareils télégraphiques, qui non seulement transmettent les dépêches avec une grande rapidité, mais encore facilitent l’emploi des abréviations. Ce système, qui se rattache aux transmissions multiples, porte le nom de la sténo-télégraphie.

Le principe sur lequel repose le télégraphe Estienne est le même que celui de l’appareil Morse. Toutefois, sa construction présente des différences caractéristiques. Au lieu de porter un seul style, traçant sur