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plante, de dix en dix mètres, des pieux, auxquels on fixe les conducteurs isolés, ou ceux pour lesquels on a employé simplement du fil de fer, suivant les besoins.

Pour opérer, on interpose entre la première charge et le conducteur principal un conducteur intermédiaire, en fil de fer. Ce conducteur ne doit jamais reposer sur rien. On réunit de la même manière le fil de retour du conducteur principal avec la dernière charge, mais alors il importe peu que le fil intermédiaire repose sur le sol environnant.

Dans les puits, on peut faire passer le conducteur principal à travers une petite conduite en bois (tuyau de ventilation), et on le relie à la façon ordinaire, à la première charge.

Le conducteur principal peut être disposé de la même façon dans une galerie de mine. Quand le fil de cuivre recouvert de gutta-percha est posé dans un conduit en bois, il est protégé de cette manière contre tous les chocs qui pourraient l’endommager.

Allumage des charges. — Une fois que toutes les charges communiquent entre elles et avec les conducteurs, l’employé introduit les bouts des conducteurs principaux dans les boucles des récepteurs de l’appareil producteur de l’électricité. Il fixe la manivelle à l’appareil, charge celui-ci, en donnant 30 à 60 tours de manivelle, et il presse le bouton, ce qui détermine l’inflammation simultanée de toutes les charges.

Ceci fait, on dégage les fils fixés à la machine électrique, et on peut visiter le chantier en exploitation sans danger, sans se préoccuper des charges qui ne seraient pas parties, et sans être incommodé des fumées provenant de la combustion des mèches et des gaz délétères produits par la distillation de leur enveloppe cotonneuse.

Tels sont les moyens qui servent à faire sauter les roches et les terres par le courant électrique, pour l’exploitation des mines, pour l’excavation des tunnels et pour le fonçage des puits.


CHAPITRE X

principaux travaux publics exécutes pendant notre siècle au moyen de la dynamite.

Nous rappellerons les principaux grands travaux qui ont été exécutés, dans notre siècle, au moyen de la dynamite.

Le percement du tunnel du mont Saint-Gothard est un des plus intéressants exemples à citer, sous ce rapport.

Nous n’avons rien à dire du percement du tunnel du mont Cenis, entreprise qui précéda celle du mont Saint-Gothard, attendu que les directeurs (italiens) de l’entreprise, à qui M. Nobel proposa la dynamite, pour la substituer à la poudre, ne voulurent pas même en permettre l’expérience, et firent exécuter tous les travaux à la poudre… Point de commentaires !

La dynamite employée au déblaiement des roches, pour le percement du tunnel du mont Saint-Gothard, permit d’effectuer le travail avec une rapidité inconnue jusque-là. Le tunnel du Saint-Gothard a 8 mètres de largeur, sur 6 mètres et demi de hauteur et une longueur de 15 kilomètres. Voici comment on procéda à son percement.

Six machines perforatrices, mues par l’air comprimé, attaquaient en même temps le roc. Ces six machines, reliées entre elles, fonctionnant en même temps et avec une régularité parfaite, pratiquaient dans le rocher six trous, d’une profondeur d’un mètre environ. Quand ces trous étaient creusés, on y introduisait les cartouches de dynamite. Les travailleurs se retiraient alors, à quelques centaines de mètres, dans des refuges creusés dans l’épaisseur de la galerie, après