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C’est cette méthode qui fut suivie par M. Brunet de Saint-Florent. Le découpage du pont en tôle et des poutres en fer qui le soutenaient fut une opération longue et délicate, surtout parce qu’on voulait enlever les treuils à vapeur sans les briser. L’opération réussit complètement. Tout le pont et les parties supérieures furent enlevées. Ensuite on s’occupa d’extraire le minerai à l’aide des machines à draguer. Quand cette opération fut terminée on procéda au renflouage par les moyens ordinaires.

Le mode de découpage, imaginé par M. Brunet de Saint-Florent, peut recevoir de nombreuses applications, non seulement dans les travaux sous-marins, mais aussi dans les travaux du jour, lorsqu’on veut opérer rapidement.

M. Brunet de Saint-Florent fut chargé de la démolition d’une pile de pont, dans les circonstances suivantes :

Dans la petite ville de Kampen (Hollande), l’une des magnifiques piles du pont métallique ayant été affouillée, il fallut la démolir.

Pour y parvenir rapidement et économiquement, on fit d’abord une série de trous de mines sur tout le pourtour, en ne conservant que la partie centrale ; puis cette dernière fut démolie de la même manière. Il ne resta plus alors que la maçonnerie en béton. La profondeur ne permettant pas de faire de nouveaux trous de mines, on commença par tirer des coups de dynamite, en plaçant des paquets de cartouches dans les anfractuosités de la maçonnerie ; puis on enleva les gros blocs détachés par l’explosion à l’aide de grands paniers de feuillards remplis par les plongeurs ; enfin, une drague à vapeur amenée au-dessus de la pile enleva toute la partie désagrégée ; le niveau de la démolition s’abaissa alors sensiblement.

Une nouvelle série d’opérations semblables enleva la tranche inférieure, et peu à peu la maçonnerie fut déblayée jusqu’au niveau du fond de la rivière.

La démolition totale dura 25 jours. On aurait pu opérer beaucoup plus rapidement, mais il fallait agir très prudemment, et ne tirer que de très petits coups de dynamite, pour éviter les vibrations qui auraient pu compromettre la solidité des maisons environnantes, construites toutes sur des sables plus ou moins mouvants.

Le pont métallique de Miramont fut découpé, sous l’eau, par le même ingénieur.

À la suite d’un accident survenu pendant son montage, ce pont s’affaissa subitement, et tomba dans le lit de la Garonne. Il fallait donc le découper par tronçons, qui devaient être tirés sur les bords, à l’aide d’engins convenables, au fur et à mesure de leur rupture.

M. Brunet de Saint-Florent découpa d’abord les tôles, en employant de longues cartouches de dynamite (de 4 à 5 mètres de longueur). Certaines de ces poutres présentaient une grande résistance à la rupture, car elles étaient formées de 10 feuilles de tôle superposées, de 1 centimètre chacune. Sans la dynamite, le découpage de ces pièces de tôle en fer, sous l’eau, eût été une opération extrêmement coûteuse et difficile.

Des moyens à peu près semblables furent employés pour la démolition d’une autre pile de pont, dans la Garonne, près de Muret. Les circonstances permettant d’opérer rapidement, on put faire partir simultanément, par l’électricité, 20 coups de mine. Tous les trous étaient espacés de 1m,25.

À Domremy, près de Sedan, une pile de pont fut démolie de la même manière.

À Witterthiem, près Marquises (Pas-de-Calais), pendant le forage d’un puits, un trépan était resté engagé dans un trou de sonde. Le sondage allait être abandonné,