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Fig. 196. — Tourelle à coupole tournante du fort Saint-Philippe, à Anvers.


sous l’action des gros projectiles ; le fer laminé résiste seul, sans se briser, ni se fendre.

Ce n’est que tout récemment que l’industrie française a découvert le moyen de faire des plaques de fer laminé, épaisses de 60 centimètres, tandis que l’on sait depuis longtemps marteler des plaques d’acier de 70 et même de 80 centimètres d’épaisseur.

Les projectiles explosifs démoliront forcément n’importe quel talus en terre ; ce ne sera jamais qu’une question de temps. On ne saurait, d’autre part, songer à construire un fort entièrement métallique. Les tourelles tournantes métalliques répondent aux nouveaux besoins de la défense.

Supposez, en effet, que l’assaillant se risque dans le fossé, et se dirige vers l’escarpe, où il aura frayé une brèche, pour pénétrer jusque dans l’intérieur du fort ; ses colonnes d’assaut seront obligées de défiler sous le feu des mitrailleuses des caponnières, et l’on devine sans peine l’effet produit par le tir rapide de ces pièces, croisant leurs feux dans le fossé. Le tout est donc de conserver intacte la caponnière. Pour y parvenir, il faut répondre au tir de l’ennemi, et puisque nos remparts en terre ne sont plus en état de résister aux obus, il faut pourvoir nos forts de coupoles cuirassées et mobiles.

C’est le duc d’Aumale qui, en 1877, alors qu’il commandait le 7e corps d’armée, à Besançon, fit installer la première coupole cuirassée tournante, au fort de Giromagny, près de Belfort. L’Allemagne possède aujourd’hui près de cent cinquante coupoles cuirassées ; la Belgique en a vingt, rien qu’autour de son camp retranché d’Anvers ; l’Angleterre en a construit une à l’entrée du port de Douvres. En France, nous avons des coupoles cuirassées à Paris, à Toul, à Belfort, à Laon, à Maubeuge, à Nice et à Verdun. Mais ce n’est que le commencement de la réforme de notre défense.

Le général belge Brialmont, dont nous avons déjà cité le nom, est l’inventeur des coupoles cuirassées actuelles. Il créa de toutes pièces, dès l’année 1868, les coupoles