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pagne que les armées se rencontreront, et on ne verra plus, comme dans les deux derniers siècles, les généraux s’attarder devant les villes fortifiées.

Ce qui, toutefois, ne tombera pas en désuétude guerrière, c’est ce que l’on appelle la fortification passagère, par opposition avec la fortification permanente, que nous venons de décrire. Dans bien des occasions, en effet, une armée en marche ou en retraite est obligée de s’entourer de défenses et de créer, en peu de temps, et sur une position déterminée, des obstacles capables d’arrêter, ou tout au moins de retarder, la marche de l’ennemi.

De tout temps, les commandants d’armée ont fait usage de la fortification passagère. C’est ainsi qu’une armée, pour se mettre à l’abri d’une attaque subite, couvre toute l’étendue de sa position de lignes ou de retranchements. Ces retranchements sont creusés à 2 mètres de profondeur. On ne fera plus guère usage désormais que de tranchées-abris.

Une tranchée-abri, que nous représentons dans la figure 200 (page 233), est une excavation de 50 centimètres de profondeur, sur 1m,30 de largeur, protégée par un petit bourrelet en terre, de 60 centimètres de hauteur. Le fantassin installé dans le fossé a donc une protection de 1m,10.


CHAPITRE XI

les artilleries étrangères. — l’artillerie allemande, son organisation et son recrutement. — pourquoi elle a joué un rôle important en 1870 ; pourquoi elle sera inférieure désormais. — l’usine krupp à essen. — les artilleries italienne et anglaise.

Nous terminerons cette étude par un coup d’œil sur les artilleries étrangères ; mais il faut nous hâter de dire que ce chapitre n’aura pas à recevoir de grands développements. En décrivant, en effet, l’artillerie française, nous avons à peu près exposé ce qui concerne les artilleries étrangères, attendu que ce que nous avons créé en France, tous nos voisins l’ont servilement copié. Faire une description minutieuse de l’artillerie allemande, autrichienne, italienne, anglaise, serait répéter ce que nous avons dit dans les pages qui précèdent.

L’artillerie allemande offre seule pour nous un intérêt particulier.

On peut, chez les Allemands, mettre en ligne 2 220 grosses pièces de canon, soit un peu plus de trois pièces par mille hommes.

L’artillerie allemande a quatre ateliers de construction, à Strasbourg, à Dantzig, à Deutz et à Spandau. Les obus sont maintenant fabriqués à Burkau, dans les ateliers de l’usine Grüson ; ils sont chargés avec une substance explosive spéciale, analogue à la hellofitte. Quant aux canons, ils sortent tout fabriqués, essayés et vérifiés, des ateliers de l’usine Krupp.

Il ne sera pas sans intérêt pour nos lecteurs de connaître avec quelques détails la célèbre usine dont l’Allemagne s’enorgueillit, et qui, en effet, dépasse par son importance nos plus grands établissements industriels, tels que le Creusot.

On peut dire que l’usine Krupp est tout une ville, Essen n’était jadis qu’une bourgade. En 1820, Frédéric Krupp eut l’idée de créer une fabrique d’acier fondu ; mais il eut à lutter avec de sérieuses difficultés, et son fils fut le premier à obtenir quelques résultats des efforts de son prédécesseur. En 1851, Alfred Krupp envoyait à l’Exposition universelle de Londres un bloc d’acier, qui pesait 2 500 kilogrammes. Quatre ans plus tard, il fabriquait couramment des blocs d’acier de 5 000 kilogrammes. En 1862 enfin, Alfred Krupp produisait dans ses ateliers un bloc d’acier long de 2m,50, large de