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gnie transatlantique la Normandie, la Bretagne, etc.

Les chaudières de notre marine militaire se composent, comme on l’a vu sur ces divers dessins, de générateurs à tubes longs, ou à tubes courts, mais pouvant être aisément visités, de sorte qu’ils ne peuvent jamais s’engorger et qu’on les nettoie sans difficultés. C’est ainsi qu’avec une chaudière à générateurs à tubes courts, le Milan, qui est un médiocre croiseur de deuxième classe, peut filer 18 nœuds, avec une machine du poids de 358 tonnes. Il est vrai de dire que les accidents sont assez fréquents avec ces chaudières perfectionnées. C’est ce qui est arrivé, en 1888, à bord du Forbin, où une chaudière fit explosion, tuant et blessant des chauffeurs.

À l’étranger, on a cherché, comme en France, à résoudre le problème de la vitesse pour les navires cuirassés, en multipliant le nombre des machines et celui des chaudières. Le cuirassé anglais le Collingwood, possède 2 machines compound à pilon, 12 chaudières, 36 foyers et 2 hélices. Le cuirassé anglais Colossus a 2 machines compound à pilon, à cylindres renversés, 10 chaudières, 28 foyers, 2 hélices en bronze de 6m,55 de diamètre. Le croiseur anglais Blake a des machines verticales à triple expansion et 2 hélices. Au mois de mai 1889, l’amirauté anglaise a décidé de remettre en service deux vieux cuirassés, l’Achille et le Minotaure, qui avaient des machines de 5 720 et 6 700 chevaux-vapeur. On a pourvu ces deux bâtiments, qui étaient à peu près considérés comme hors d’usage, de nouvelles chaudières, et l’on assure qu’ils sont à présent en état de tenir la mer. Ces chaudières ont coûté 750 000 francs chacune.

Un des plus récents et le plus grand des bâtiments cuirassés de la marine anglaise, la Victoria (fig. 254), est pourvu de deux machines compound à triple expansion, fabriquées par MM. Humphys et Tennant, à Londres. Le premier cylindre a 1m,09 de diamètre, le deuxième cylindre 2m,43, le troisième 1m,57, et la course du piston est de 1m,270.

Ces machines, qui actionnent chacune une hélice, développent une force de 1 200 chevaux-vapeur.

Les deux hélices ainsi actionnées tournent avec une vitesse de 95 tours par minute.

L’épaisseur du blindage d’acier de la Victoria, le plus fort qui ait encore été appliqué aux bâtiments anglais, est de 0m,46. Il s’étend de 3 ou 4 pieds au-dessus et au-dessous de la ligne de flottaison. Sa longueur totale autour du bâtiment est de 152 pieds. Elle embrasse toutes les parties essentielles du navire, à savoir : l’appareil moteur, les magasins à poudre, et la base de la tourelle de commandement.

Un pont protecteur, de 0,0762 d’épaisseur, tout en acier, est posé sur le sommet de la ceinture cuirassée, et va d’un bout à l’autre du navire. Une autre ceinture cuirassée de 0m,46 protège la base de la tourelle, laquelle a déjà 0m,42 d’épaisseur.

De l’avant à l’arrière, le navire est donc entièrement protégé par des plaques ou des murs épais.

La longueur totale de la Victoria est de 340 pieds anglais (103 mètres). Son déplacement d’eau est de 10 500 tonnes, quand le navire est complètement équipé.

Son armement se compose : 1o de deux canons, du poids de 110 tonnes chacun (du calibre de 0m,41), placés dans une tourelle située à l’avant ; 2o d’un canon de 30 tonnes (calibre 0m,28) placé à l’arrière du tillac supérieur ; 3o de 12 canons de 0m,15 (poids 5 tonnes), placés dans une tourelle en arrière des canons de 110 tonnes.

Ajoutez à cet armement principal douze canons de six livres de poudre (comme disent les Anglais) à tir rapide, placés sur le faux-