Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



principales, placées dans deux compartiments, deux à tribord, deux à bâbord, et actionnant deux hélices de 5m,40 de diamètre, en porte à faux à ailes fixes déployées et à pas constant, de l’extrémité au milieu. Ces machines sont du système à pilon, égales et symétriquement placées. Chacune est composée de deux cylindres fixes verticaux : un grand et un petit. L’admission de vapeur se fait dans le petit et la détente dans le grand. Chaque machine est conjuguée sur un arbre en acier, à deux coudes. De chaque bord, les deux machines peuvent être rendues solidaires ou indépendantes l’une de l’autre, par un système d’embrayage.

« La condensation de la vapeur s’opère par contact ; les pompes de circulation sont mues par des moteurs spéciaux. Deux machines auxiliaires à piston actionnent les turbines de cale. La mise en train et le vireur peuvent être manœuvrés, soit à bras, soit à la vapeur. Les bâts des machines motrices sont en tôle, ce qui fait une économie de poids sans rien faire perdre à la solidité.

« Cet appareil a été construit à l’établissement maritime d’Indret, d’après les plans de l’ingénieur du bâtiment.

« La marche à outrance est de quatre-vingt-dix tours, à 7 kilogrammes de pression absolue.

« Pour fournir de la vapeur à ces énormes machines, il y a huit générateurs, cylindriques, à haute pression, à enveloppe d’acier et à trois fourneaux par corps, placés dans quatre chambres de chauffe, séparées par des cloisons étanches longitudinales et transversales. Ces chaudières sont timbrées à 6 kilogrammes.

« Le volume total de l’eau qui remplit les chaudières est de 179 360 litres. Pour vaporiser cette eau, il faut une surface de grille de 52 mètres carrés.

« Les cheminées de ces chaufferies se réunissent à la hauteur du spardeck, en une seule, qui est protégée par une enveloppe en tôle d’acier chromé ; cette enveloppe est elle-même entourée à sa base d’un glacis cuirassé.

« La consommation de charbon par heure, à marche réduite, est à peu près de 5 500 kilogrammes. Pour la marche à outrance, elle est d’environ 12 500 kilogrammes.

« Ce cuirassé appuyant la chasse ou filant en retraite, poussé par ses 877 500 kilogrammètres, peut parcourir 33 kilomètres à l’heure.

« Filant avec cette rapidité, par une mer houleuse, il offrirait à un spectateur un peu éloigné un aspect vraiment surprenant, car c’est à peine si l’on verrait la coque : les substructures, les tourelles et les mâts seuls émergeraient.

« Ce navire, si bon marcheur, a des moyens de défense formidables.

« Pour se mettre à l’abri de l’artillerie des gros navires ou de l’artillerie des côtes, il a une cuirasse d’acier, épaisse de 45 centimètres, sur un matelas de bois de teck, de 20 centimètres d’épaisseur, et qui, lui-même, est renforcé de deux tôles d’acier, de 18 millimètres d’épaisseur chacune.

« Le blindage de son cofferdam et sa ceinture cuirassée, qui vient recouvrir jusqu’à la pointe extrême de son étrave, lui constituent un éperon redoutable.

« Contre les tirs plongeants, il a son pont principal, recouvert d’un blindage de 10 centimètres d’épaisseur. Les surbaux des panneaux sont cuirassés, pour empêcher l’introduction des projectiles dans les fonds.

« Ses tourelles, d’un diamètre aussi petit que possible, pour diminuer la surface vulnérable, sont blindées avec des plaques d’acier de 35 centimètres d’épaisseur, fixées sur un matelas de bois de teck, de 25 centimètres, doublé lui-même, pour pare-éclats, de deux tôles d’acier, de 15 millimètres d’épaisseur.

« Pour l’offensive, l’artillerie est puissante et savamment disposée.

« Pour le combat en pointe, soit en chasse ou en retraite, nous trouvons un canon de