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se loge dans un abri blindé, à l’épreuve du tir de la mousqueterie et des pièces légères.

Le moteur se compose de deux machines à vapeur distinctes, séparées par une cloison médiane. Elles actionnent, chacune, une hélice ; en sorte que, dans le cas d’avarie de l’une des hélices, le navire n’est pas immobilisé.

L’artillerie se compose : 1o  de trois canons de 37 centimètres, placés dans les tourelles ; 2 de deux canons de 14 centimètres, installés dans la batterie ; 3o  d’un grand nombre de canons à tir rapide et de mitrailleuses, disséminés soit sur les gaillards, soit dans les hunes.

L’Amiral-Baudin et le Formidable n’ont pas de voilure. Les mâts que l’on voit sur notre dessin sont des mâts dits militaires, c’est-à-dire destinés à porter à une certaine hauteur des mitrailleuses, qui permettent de diriger des feux plongeants contre les bateaux ou navires torpilleurs.

À propos de l’Amiral-Baudin, nous donnerons une idée des mâts militaires, qui, avec quelques modifications, existent aujourd’hui sur la plupart des grands cuirassés de toutes les marines.

Ces mâts sont en tôle, avec escalier intérieur en spirale. Ils portent des hunes étagées, qui reçoivent des mitrailleuses ou de la mousqueterie, destinées, au moment d’un combat, à couvrir de projectiles le pont du navire ennemi.

Dans certains cuirassés on a placé sur le mât militaire le poste du commandant du navire, et celui de l’officier torpilleur. C’est la disposition adoptée sur l’Amiral-Baudin, comme on le voit sur notre dessin.

De tels postes sont mal défendus, sans doute, contre l’artillerie ennemie, mais on ne pouvait songer à les protéger par des blindages. L’utilité de ces hautes tours militaires, qui remplacent les anciens mâts, c’est de donner au commandant le moyen d’observer d’une grande élévation tout l’ensemble du navire et les mouvements de l’escadre ennemie. La durée d’un combat étant très courte, l’abri du commandant serait sans doute suffisant.

C’est ce que pensent la plupart de nos marins, mais leur confiance n’est pas partagée par tous.

Quoi qu’il en soit, sur l’Amiral-Baudin, le poste de commandant, au moment d’un combat, se trouverait sur le mât militaire, à la partie supérieure : de là, il dominera tout le pont. Au-dessous de lui et sur le même mât, dans un kiosque de dimensions un peu plus grandes, se trouve le poste de l’officier torpilleur, qui reste en communication constante avec le commandant.

Après cette description de l’Amiral-Baudin et du Formidable, nous ajouterons que nos ingénieurs ont été mieux inspirés que les ingénieurs anglais, quand ils en ont conçu les plans.

Un rapport à l’amirauté anglaise sur les manœuvres de 1886 signale ce fait, que les cuirassés anglais, trop peu élevés sur l’eau, à l’avant, se trouvent dans des conditions d’infériorité sensible sur nos cuirassés, au point de vue de la navigabilité.

C’est ainsi que le cuirassé anglais le Trafalgar est élevé de 3m,40 seulement au-dessus de l’eau, alors que, pour un tirant d’eau à peu de chose près analogue, cette hauteur est de 5m,68 sur l’Amiral-Baudin. Il en résulte qu’à puissance égale, nos cuirassés auraient l’avantage sur les vaisseaux anglais du même type d’une meilleure navigation, pour peu que la mer fût agitée.

Nous passons à la description des garde-côtes cuirassés.

Entre les cuirassés d’escadre et les garde-côtes cuirassés, la différence n’est pas toujours très sensible. C’est ainsi que l’Indomptable appartient, en réalité, à l’une et à l’autre de ces deux catégories. Il a 84 mè-