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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/372

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laume, cuirassé d’escadre, dont nous parlions plus haut, n’a que dix-huit canons, de 24 centimètres.

Jusqu’en 1881, les navires de l’escadre allemande étaient, en outre, garnis de petits canons, destinés aux troupes de débarquement. L’apparition de torpilleurs qui marchent avec une vitesse de 24 milles marins à l’heure a forcé l’amirauté prussienne à prendre d’énergiques mesures de défense. On a remplacé les canons de débarquement par des mitrailleuses Hotchkiss. D’après un ordre impérial, du 14 janvier 1881, ces mitrailleuses doivent être en assez grand nombre à bord, pour pouvoir couvrir de leurs projectiles une zone de 200 mètres, à l’entour du bâtiment.

Quelques corvettes allemandes sont garnies de cuirasses de 406 millimètres d’épaisseur, qui ne peuvent être brisées que par un obus de 30 centimètres, lancé à 450 mètres seulement de distance, hypothèse tellement invraisemblable que les officiers de la marine allemande ont refusé de l’envisager jusqu’à présent.

La flotte allemande, outre le Kaiser et le Deutschland, renferme cinq cuirassés refondus, qui avaient été construits en 1870. En cas de guerre, ils formeraient l’escadre.

Il faut leur ajouter le cuirassé Aldenbourg, bâtiment remarquable ; 21 canonnières ; un vieux monitor, l’Arminius ; des croiseurs bien armés et de nombreux torpilleurs ; enfin des canonnières spéciales portant 8 canons et destinées à l’Afrique.

La défense des côtes serait confiée, en cas de guerre, à quatre corvettes de croisière, cuirassées et sans mâts, qui filent à peine 12 nœuds.

En résumé, la marine militaire allemande manque absolument d’originalité. On se borne à étudier ce qui se fait en France et en Italie, et à se l’approprier, quand on le juge bon. Nul programme n’est arrêté, et l’on tient secret l’emploi de l’énorme budget que l’on a fait voter au Parlement, pour accroître les forces navales de l’Empire.

Nous avons tenu à commencer la revue des forces navales étrangères par la flotte allemande et l’historique de sa formation. Ce n’est pas que cette flotte soit une des plus puissantes de l’Europe ; tant s’en faut. Si nous avons rendu justice aux qualités des hommes de l’art qui ont su la créer, c’est qu’il est bon de regarder en face l’adversaire de demain, et qu’il y aurait imprudence à ne montrer que les lacunes de l’organisation militaire d’un ennemi.

Nous passons à l’effectif de la flotte militaire française.

Notre armement militaire naval se compose de trente-huit bâtiments cuirassés, — en comptant les canonnières — de quarante croiseurs, de quelques corvettes et de cent trente navires ou bateaux torpilleurs. Ces forces sont, d’ailleurs, destinées à s’accroître prochainement, de façon à n’être inférieures à aucune de celles qu’elles peuvent rencontrer sur les mers.

Comme type de nos vaisseaux cuirassés, nous avons déjà représenté (pages 305 et 309) l’Amiral-Baudin, le Hoche et le Richelieu. Nous mettons sous les yeux du lecteur deux autres grands bâtiments cuirassés de la flotte française, le Redoutable (fig. 297) et le Duguesclin (fig. 298, page 373).

Le Redoutable est à réduit central comme la plupart de nos vaisseaux cuirassés construits depuis quelques années ; c’est-à-dire que sa cuirasse ne protège que son fort central, ainsi que sa carène, presque au-dessus de la flottaison. L’avant et l’arrière, légèrement construits en tôle, peuvent être détruits par les projectiles ennemis, sans causer de danger au navire.