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qui lui a été concédée, en 1889, M. Victor Popp dessert, pour leur éclairage électrique, beaucoup d’établissements importants, tels que plusieurs théâtres, plusieurs cafés des boulevards, les Montagnes-Russes, différents cercles, etc.

La canalisation de l’air comprimé, placée, tantôt dans les égouts, tantôt dans des tranchées, est aujourd’hui d’une longueur d’environ cinquante kilomètres.

Les machines dynamos actionnées par l’air comprimé, sont réparties en divers points de la canalisation, convenablement choisis.

M. Popp a créé, à Montpellier, une installation pareille à celle de Paris, pour l’éclairage du Grand-Théâtre, et celui de beaucoup de magasins et ateliers de la ville.

On peut rattacher à l’air comprimé employé comme moyen d’actionner les machines dynamos, et de produire l’éclairage électrique, l’usage du vent.

Le discrédit dans lequel sont tombés, dans notre siècle, les moulins à vent, tient à trois causes : le temps de leur chômage, qui est, en France, de plus d’un tiers du temps total, l’irrégularité de leur vitesse, et l’imperfection des récepteurs.

Le vent n’est utilisable, en effet, que lorsque sa vitesse est comprise entre certaines limites : de trois mètres à douze mètres par seconde. De plus, entre ces limites, les variations de son intensité ne permettent pas toujours d’employer directement la force disponible. D’où la nécessité d’avoir recours à des appareils qui emmagasinent ce travail imparfait, pour le restituer, avec perte il est vrai, mais sous une forme susceptible d’emploi.

Au point de vue des récepteurs du mouvement, il est nécessaire que la voilure augmente ou diminue automatiquement, quand la vitesse du vent varie en sens inverse, De la sorte, on tend à avoir une production de travail constante, et si le vent tourne en tempête, les accidents sont évités.

Comme les moulins à vent d’aujourd’hui remplissent à peu près ces conditions, on a cherché de nouveau à les utiliser. En Hollande et en Égypte, on les emploie à faire manœuvrer des pompes d’épuisement. En Amérique, on les compte par centaines de mille. Leur rôle consiste à entretenir pleins d’eau les abreuvoirs des exploitations agricoles, ainsi que les réservoirs d’eau des stations de chemins de fer.

Lors de l’installation de la lumière électrique au phare de la côte du Havre, à l’extrémité du cap de la Hève, on a réussi à utiliser la force motrice du vent. Deux machines dynamos, actionnées par un moulin à vent, emmagasinent l’énergie électrique dans des accumulateurs, qui la distribuent ensuite, sous forme de lumière.

Cette dernière installation présente un certain intérêt au point de vue du moteur, et nous en donnerons la description.

Le moteur à vent est du système Halladay, modifié ; il développe, paraît-il, une force de dix-huit chevaux, mesurés sur l’arbre droit, par une vitesse de dix mètres de vent à la seconde.

Monté sur une charpente de bois, établie sur des massifs en maçonnerie, le moulin donne le mouvement, par l’intermédiaire d’un arbre vertical et de deux paires d’engrenages coniques, à un arbre de couche, placé à une hauteur convenable au-dessus du sol. Sur cet arbre de couche sont montées les poulies, qui, au moyen de courroies, commandent les machines dynamos, reliées elles-mêmes à une série d’accumulateurs.

Le moulin devait être automatique, résister aux tempêtes, développer, au besoin, une grande force, et être capable, cependant, de recueillir des souffles légers.