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L’usine qui produit le courant, est située à la tête du tunnel des Batignolles. Trois générateurs Belleville, pouvant produire 2 000 kilogrammes de vapeur à l’heure, alimentent trois machines à vapeur Lecouteux et Garnier, de 140 chevaux, tournant à 180 tours par minute. Chacune de ces machines commande deux dynamos Gramme, de 450 ampères et 100 volts, groupées en tension, et montées sur des châssis tendeurs. Deux groupes suffisent à l’éclairage, le troisième est en réserve.

La canalisation entre l’usine et le poste central, se compose de câbles, de 20 centimètres de section, dont l’enveloppe varie suivant les positions successives qu’ils occupent. Depuis l’usine jusqu’au pont de la place de l’Europe, les câbles sont sous plomb, et reposent sur des supports en fer galvanisé. Au delà, jusqu’à la tête des quais, les câbles sont sous tresse de soie ou coton revêtus de caoutchouc, et maintenus par des isolateurs en porcelaine, fixés par des brides sur des supports analogues aux précédents. De la tête des quais au tableau de distribution, les câbles sont sous plomb.

La canalisation secondaire réunissant chaque lampe à arc au tableau de distribution du poste central, est faite au moyen de câbles sans tresse, d’une section de 3 à 5,5 millimètres, suivant les distances des lampes au tableau.

Parmi les lampes de 10 carcels, 43 sont à découvert ; les 110 autres lampes sont abritées. Les prix sont les suivants, par heure d’éclairage, pour chaque espèce de lampes :

1° Pour les lampes à incandescence de 10 bougies 
0fr,05
2° Pour les lampes à incandescence de 16 bougies 
0  , 05
3° Pour les lampes à arc voltaïque de 25 carcels 
0  , 30
4° Pour les lampes à arc voltaïque de 40 carcels 
0,   40

Nous terminons ce tableau des installations parisiennes d’éclairage électrique, par la description de l’usine du pavillon des Halles centrales.

Nous avons dit que l’administration de la ville de Paris n’ayant pas voulu se soumettre aux conditions des Compagnies, avait décidé de faire construire elle-même cette usine, qui a été établie en vue de fournir de la lumière électrique à la consommation privée.

L’usine est destinée à l’éclairage des Halles et du triangle formé par les rues du Pont-Neuf, de Rivoli, des Halles, et aussi des rues Coquillière, des Petits-Champs, et de l’avenue de l’Opéra, jusqu’aux grands boulevards. La chambre des machines, qui constitue l’usine proprement dite, occupe la moitié sud du sous-sol du pavillon III. Elle comprend deux groupes séparés, de types absolument différents, et qui constituent, à proprement parler, deux usines tout à fait distinctes.

La première est composée de trois machines à vapeur à triple expansion, de 150 chevaux chacune, du système vertical. Elles actionnent 6 dynamos Edison, assemblées deux à deux, en série, selon le procédé dit « à trois fils » et produisant un courant continu, de 220 à 230 volts.

Ce groupe fournit l’éclairage des Halles centrales, composé de 500 lampes à incandescence de 16 bougies, placées dans les sous-sols, et de 180 lampes de 5 et 10 ampères, suspendues dans les pavillons. Le même courant alimente ensuite un circuit d’éclairage particulier, qui dessert le triangle formé par les rues du Pont-Neuf, de Rivoli et des Halles.

Le second groupe agit à haute tension. Il se compose de trois machines à vapeur horizontales, de 11 chevaux chacune, actionnant trois dynamos, à courants alternatifs.

Ces machines envoient leur courant dans une canalisation établie rue Coquillière,