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compteur. Chaque maison aura son compteur, contenu dans une boîte de petites dimensions. La consommation d’énergie électrique sera indiquée sur des cadrans, comme dans un compteur à gaz.

En résumé, Londres sera bientôt entièrement éclairé à l’électricité. Depuis 1888, dans les principales rues de la Cité et sur les ponts, le nouvel éclairage avait été essayé ; malheureusement le prix de revient était trop élevé, et les premières compagnies qui s’établirent éprouvèrent de grosses difficultés financières. Un acte du Parlement, en 1889, a levé les obstacles qui empêchaient Londres de posséder la lumière électrique. Plusieurs grandes compagnies ont alors été fondées, avec un capital de 3 millions de livres sterling (75 millions de francs environ). Elles ne doivent pas se faire concurrence ; on a dévolu à, chacune d’elles un certain nombre de quartiers, auxquels elles devront distribuer l’électricité.

La London Electric Supply Corporation a installé son usine à Deptford. Cet établissement est dirigé par M. de Ferranti, qui a beaucoup contribué à l’amélioration des machines dynamo-électriques destinées à fournir la lumière, et s’est occupé des moyens de la distribuer facilement aux abonnés. La compagnie alimentera deux millions de lampes.

Ainsi que nous l’avons dit, la même Compagnie avait commencé par éclairer, en 1884, Grosvenor Gallery. Elle reçut alors différentes propositions des commerçants voisins, qui lui demandaient de leur fournir la lumière. Elle accepta de prendre ces nouveaux abonnés, et dut, en conséquence, augmenter son travail. Comme les demandes devenaient de plus plus nombreuses, la compagnie s’étendit et changea de nom et de local.

La construction des grandes usines de Deptford, avec leurs puissantes machines, a commencé au mois d’avril 1888. Voici ce que disait à ce sujet, le président de la Compagnie, en 1890 :

« Depuis 1888, nous avons travaillé nuit et jour. Aujourd’hui nous avons élevé une immense galerie et nous possédons des machines et des dynamos de la force de 3 000 chevaux. Deux autres machines et dynamos en construction sont de la force de 5 000 chevaux chacune. Quand nous avons voulu construire ces machines, nous nous sommes adressés à la maison Krupp en Allemagne, au Creusot en France ; aucun de ces établissements ne pouvait nous les livrer avant trois ans. Comme nous ne pouvions attendre cette époque, nous nous sommes décidés à construire nous-mêmes les machines dont nous avions besoin, et dans un an nous avons terminé notre installation.

Jamais on n’avait construit de dynamos aussi grandes. Le tour employé pour façonner le grand arbre de couche, est de la taille de ceux qui servent à fabriquer les canons de 100 tonnes. Les arbres de couche ont 0m,90 de diamètre et pèsent 70 tonnes avant d’être tournés ; ce sont les fontes d’acier les plus importantes qui aient jamais été faites en Écosse. L’armature des dynamos mesure 4 mètres de diamètre. Actuellement, les dynamos actionnées à Deptford alimentent 25 000 lampes et les dynamos en construction alimenteront cent mille lampes chacune. Ces nouvelles dynamos sont arrangées de façon qu’au moment où les demandes arrivent nous puissions les accoupler à deux machines de 5 000 chevaux chacune ; de cette façon chacune d’elles pourra alimenter 200 000 lampes au lieu de 100 000.

Nous n’employons pas de câbles pour distribuer l’électricité, mais un tube de cuivre, entouré d’un enduit isolant. Un second tube de cuivre recouvre cet enduit ; ce tube est parcouru par le courant de retour ; il est lui-même recouvert d’une couche isolante, et placé dans un tube de fer. De cette façon, nos conducteurs peuvent échapper aux chances de rupture, et nous n’aurons pas besoin de les enfermer dans des enduits spéciaux ; il nous suffira de les enterrer. Le tube extérieur est en fer, épais de 0m,005 environ ; il est suffisamment flexible pour se recourber à angle droit, sans se briser et en même temps assez résistant pour supporter sans s’écraser une forte charge. Tous les 6 mètres, il y a joint entre les tubes, et c’est à ces joints que l’on reliera les abonnés. Ce système de conducteurs ne présente aucun danger ; on peut toucher impunément le tube de cuivre extérieur qui est relié à la terre Le courant primaire a une force électromotrice de 100 000 volts ; cette tension n’avait jamais été atteinte jusqu’ici dans les applications électriques. »

La Metropolitan Electric Supply Com-