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1 512 watts. Ce courant est envoyé dans des batteries secondaires ou accumulateurs formés de simples plaques carrées de plomb, plongées dans l’acide sulfurique étendu ; il y a 17 accumulateurs. Le matin, mon jardinier met en marche le moteur à gaz qui travaille de neuf heures à une heure, et emmagasine dans les accumulateurs assez d’électricité pour la soirée et même la nuit suivante.

À l’intérieur de la maison, le courant est distribué par de gros fils de cuivre avec enveloppe isolante de caoutchouc. Des lampes sont posées dans chaque chambre, aux endroits utiles, de manière à répondre à toutes les exigences. Les montures des lampes fixes sont très simples et ingénieuses, pour permettre les remplacements lorsque le filament de charbon est usé. Il y a aussi des lampes mobiles pour descendre à la cave, circuler dans le jardin, ou plus simplement éclairer les recoins des appartements.

Ces dernières sont alimentées au moyen d’un câble qui se déroule plus ou moins suivant la longueur du trajet.

Pour éviter tout accident, j’emploie des lampes qui n’ont besoin que d’une force électro-motrice de 30 volts. À la porte de chaque pièce est un commutateur qui permet, avant d’entrer, d’éclairer l’intérieur, et d’éteindre quand on sort. C’est la suppression complète des allumettes.

Je n’ai pas visé à l’économie, car je tenais avant tout à assurer le service, et j’ai organisé l’éclairage complet de mon habitation. J’estime qu’une maison comme la mienne peut être dotée de la lumière électrique pour une dépense moyenne de 187fr,50 par lampe. »

Dans une conférence, faite en 1886, à la Société des arts de Londres, dont il était président, M. Preece a déclaré que son installation électrique lui occasionne une dépense annuelle de 1 500 francs, alors que l’éclairage au gaz ne lui coûtait que 750 francs. Mais il ajoute :

« Si maintenant, nous mettons en regard de ce supplément de dépense, la valeur d’une lumière fixe, la pureté de l’air, la suppression de la chaleur, des allumettes, de la bougie et de l’huile, le bien-être des gens, la conservation des peintures, des motifs de décorations et des livres, la propreté, la gaieté, la santé, la prolongation de l’existence, il n’y a pas à chercher de quel côté doit pencher la balance. »

M. Preece s’est toujours déclaré partisan décidé de l’éclairage domestique par l’électricité. Dans une conférence faite au Canada, il déclara « qu’ayant substitué l’électricité au gaz, dans sa maison, il avait la conviction de vivre trois ou quatre années de plus qu’il n’aurait vécu sans cela ».

Disons, en terminant l’examen de cette question, que ce n’est pas au point de vue de l’économie qu’il faut conseiller l’éclairage électrique des appartements. Il faut considérer la lumière électrique comme une lumière de luxe, d’exception, d’une propreté extraordinaire, d’un usage éminemment hygiénique et d’une sécurité absolue, mais non d’un véritable bon marché. Dans sa brochure sur l’Éclairage électrique, que nous avons déjà citée, le Dr  Hammont disait :

« Quelle est la mère, qui donnerait à son enfant une nourriture qu’elle saurait dangereuse pour sa santé, parce qu’elle l’aurait à meilleur compte ? Et cependant c’est ce que nous faisons chaque jour, en nous éclairant au gaz ! »

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans traiter un point essentiel concernant l’usage de la lumière électrique dans les maisons particulières, les magasins ou ateliers. Nous voulons parler du mode de paiement de cet éclairage.

Quand on éclaire une voie publique par l’électricité, le prix de cet éclairage est arrêté, une fois pour toutes, par les administrations municipales, d’après l’étendue des rues ou places à éclairer. Mais pour les magasins, les appartements ou les ateliers, on ne peut songer à un abonnement. Il faut nécessairement que chaque consommateur paie son éclairage, conformément à la lumière qui lui a été distribuée. Les Compagnies d’éclairage électrique ont donc créé des compteurs d’électricité, qui, à l’instar des compteurs de gaz, indiquent à l’abonné la fraction qu’il a consommée de l’énergie totale produite à la station centrale.

Il existe quatre à cinq compteurs d’électricité. Le compteur inventé par M. Aubert,