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De petites lampes à incandescence, semblables à celles de la salle, font apprécier le degré de l’éclairage.

On voit sur la figure 373 la distribution du courant électrique sur la scène de l’Opéra, pour l’éclairage des herses.

En admettant que toutes les machines fonctionnent en même temps, on disposerait, à l’Opéra, d’une force de 950 chevaux-vapeur, les machines dynamo-électriques ayant une capacité suffisante pour alimenter 7 700 lampes (de la valeur de 16 bougies, de 0,75 ampère) mais, pour le service d’éclairage usuel, on allume seulement 5 000 lampes de la valeur de 10 bougies, et 1 000 lampes de 16 bougies chacune.

On voit, par les détails dans lesquels nous sommes entré, avec quelles proportions colossales est établi l’éclairage électrique, à l’Opéra de Paris. C’est la plus belle des installations électriques de théâtres du monde entier. Elle fait le plus grand honneur à l’ingénieur de la Compagnie Edison, M. Amédée Vernes, à qui on la doit.

En outre des théâtres dont nous venons de parler, plusieurs cafés-concerts et salles de réunion, à Paris, ont adopté l’éclairage électrique. Citons le cirque Oller (rue Saint-Honoré), dont l’installation électrique est admirablement entendue, et peut rivaliser avec celle de l’Hippodrome. Des machines à vapeur, alimentées par des chaudières inexplosibles, actionnent d’excellentes machines dynamos, qui distribuent dans la salle une magnifique lumière.

Nous n’entreprendrons pas la description de ces dernières installations, pour ne pas répéter ce que nous avons dit à propos de divers théâtres. Qu’il nous suffise de rappeler que l’éclairage électrique, qui assure une sécurité absolue contre les chances d’incendie, qui, en été, donne un éclairage sans chaleur, et, en toute saison, laisse l’air inaltéré, est déjà introduit dans la presque totalité des théâtres de Paris.

Nos grands théâtres de province n’ont pas attendu le signal venu de la capitale, pour adopter l’éclairage électrique. Marseille, Lyon, Bordeaux, Montpellier, Nîmes, etc., ont effectué, dès l’année 1886, cette utile modification de leur éclairage.

À l’étranger, le même mouvement s’est produit. À Madrid, par exemple, un ordre du gouvernement décrétait, au mois de juin 1887, l’installation de la lumière électrique dans ses salles de théâtre. L’Italie donnait, dans la Scala de Milan, un des plus beaux spécimens que l’on connaisse de l’éclairage d’un théâtre par l’électricité, et d’autres villes principales de la péninsule italienne suivaient cet exemple.

L’Angleterre, après le terrible événement d’Exeter, réformait, dans la plupart de ses salles de spectacle, son ancien éclairage. Bruxelles ne tardait pas à entrer dans la même voie, et les plus grands théâtres de l’Allemagne inauguraient à l’envi le nouveau système.

Ce serait tomber dans d’inutiles redites que d’examiner en détail les installations faites à l’étranger. Bornons-nous à dire que le mouvement consistant à substituer l’électricité au gaz, dans les théâtres, est universel, et d’ailleurs, pleinement justifié, car, nous le répétons, le seul moyen de prévenir l’incendie d’une salle de spectacle, c’est l’éclairage par l’électricité et la suppression totale du gaz.

Éclairage électrique des usines. — Les usines qui possèdent des machines à vapeur et des générateurs d’une grande puissance, peuvent consacrer une partie de leur force motrice à actionner des machines dynamos, et produire ainsi leur éclairage électrique à peu de frais. Celles qui ont pour force motrice une chute d’eau, peuvent également