Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/514

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces opérations, est un liquide incolore, dont la densité est au moins de 0,800, et qui ne doit pas donner de vapeurs inflammables à la température de + 35°.

Le Conseil d’hygiène et de salubrité du département de la Seine a publié une Instruction, à laquelle il faut se rapporter, pour caractériser le pétrole pur, propre à l’éclairage.

L’huile de pétrole, dit cette Instruction, ne doit pas peser moins de 800 grammes le litre, c’est-à-dire avoir 0,800 pour densité. Elle ne doit pas prendre feu par le contact d’un corps enflammé.

Pour constater cette propriété fondamentale, on verse du pétrole dans une soucoupe, et l’on y jette une allumette enflammée, qui doit s’y éteindre. Toute huile minérale destinée à l’éclairage, qui ne soutient pas cette épreuve, doit être rejetée, comme pouvant donner lieu à des dangers.

L’huile de pétrole, alors même qu’elle ne renferme plus les essences légères, qui lui communiquent la propriété de s’allumer au contact d’une flamme, n’en est pas moins une des matières les plus combustibles que l’on connaisse, quand on la brûle dans les conditions voulues. Si l’on en imbibe des tissus de lin, de coton ou de laine, son inflammabilité est remarquable. Aussi son emmagasinage et son débit exigent-ils une grande circonspection. L’huile de pétrole doit être conservée ou transportée dans des vases en métal, parfaitement clos. Les magasins qui servent de dépôts, doivent être éclairés par des lampes placées à l’extérieur, ou par des lampes de sûreté.

Avant d’allumer une lampe à pétrole, on doit remplir complètement le réservoir, et le fermer ensuite avec soin. Lorsque l’huile est sur le point d’être épuisée, il ne faut pas ajouter du liquide, pendant que la lampe brûle, mais l’éteindre et laisser refroidir la lampe, avant de l’ouvrir, pour la remplir à nouveau. Dans le cas ou l’on voudrait introduire l’huile dans la lampe éteinte, avant son entier refroidissement, il est indispensable de tenir éloignée la lumière avec laquelle on s’éclaire, pour procéder à cette opération.

Il règne encore, en France, beaucoup de craintes et de préjugés contre l’éclairage au pétrole. L’énorme consommation de ce liquide, qui se fait aujourd’hui en Allemagne, en Angleterre et en Belgique, est une première réponse à cette crainte. Mais il faut aller plus loin, et expliquer comment les accidents se produisent avec le pétrole servant à l’éclairage.

Ce n’est que lorsqu’il est mal purifié que le pétrole est inflammable spontanément. Le naphte brut d’Amérique ou d’Asie, renferme, en effet, comme on vient de le voir, des matières volatiles, des essences, qui sont inflammables par elles-mêmes, c’est-à-dire par l’approche d’un corps en ignition. Mais le pétrole, quand il est pur, ne peut brûler que par l’intermédiaire d’une mèche, à l’instar des huiles grasses. Quand il a été débarrassé, par la distillation, de toutes essences étrangères, il n’est pas plus inflammable par lui-même que l’huile d’olive, ou l’huile de colza. Un boulet rouge peut y être plongé, sans qu’il s’allume ; on peut en approcher une allumette enflammée, sans qu’il brûle. On peut même éteindre des bûches incandescentes dans du pétrole bien pur. En un mot le pétrole purifié n’est pas plus inflammable que les corps gras liquides.

En France, les épiciers vendent quelquefois, sous le nom de pétrole, des liquides contenant beaucoup d’essence très volatile ; et c’est ce qui occasionnait autrefois, tant d’accidents. C’est pour cela que le pétrole s’enflammait, et que la lampe se brisait, répandant son liquide embrasé, et lorsque, par imprudence, on voulait verser