Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dès le 18 janvier 1886, on savait que MM. Henry avaient obtenu un succès dépassant toutes les espérances. En une heure de pose, ils avaient des clichés de 6 à 7 degrés carrés, sur lesquels étaient reproduits, avec un éclat, et une pureté de contours extrêmes, tous les astres, au nombre de plusieurs milliers, jusqu’à la 16e grandeur, c’est-à-dire bien au delà de la visibilité donnée par les meilleures lunettes sous le ciel de Paris. Des étoiles de 17e grandeur avaient même été obtenues en assez grand nombre, lesquelles n’avaient sans doute jamais été vues dans les meilleures lunettes.

Outre les étoiles, on découvrit aussi, quelquefois, sur les clichés, d’autres objets, invisibles dans les plus grands instruments : telle est la nouvelle nébuleuse des Pléiades, citée plus haut.

La séparation des étoiles doubles et multiples se trouvera ainsi grandement simplifiée, à l’avenir.

De belles images des principales planètes et des satellites furent obtenues ; plusieurs épreuves laissaient voir des étoiles inconnues jusqu’ici.

La nébuleuse d’Orion montra très nettement ses plus faibles détails.

C’était donc là un nouveau et immense champ d’études ouvert à l’activité des astronomes. Tout observateur pourra désormais, profitant d’une belle soirée, recueillir avec un appareil photographique convenable deux ou trois clichés, contenant chacun plusieurs milliers d’astres d’une pureté de définition irréprochable et d’une exactitude absolue de position, et ces clichés, transportés dans son cabinet de travail, lui procureront plusieurs mois de recherches fructueuses, à l’aide d’un simple microscope muni d’une vis micrométrique.

Ajoutons que cette étude se fera avec bien plus de facilité et moins de fatigue qu’avec ces lunettes de dimensions exceptionnelles, qu’on construit aujourd’hui, à grands frais, dans divers Observatoires, sans qu’on soit encore assuré qu’elles auront une supériorité bien sensible sur les instruments de moyenne dimension actuellement en usage, et qui, d’ailleurs, ne peuvent être utilement employés que par de belles nuits, assez rares sous le ciel de Paris.

Fig. 65. — M. l’amiral Mouchez, directeur de l’Observatoire astronomique de Paris.

Un devoir impérieux s’imposait donc aux astronomes : c’était d’entreprendre immédiatement le levé photographique de la carte complète du ciel, pour léguer aux astronomes des siècles futurs l’état du ciel à la fin du dix-neuvième siècle.

M. Mouchez, le savant directeur de l’Observatoire astronomique de Paris, qui a eu la belle pensée de faire procéder au travail dont nous parlons, par le concours général des astronomes de tous pays, expliqua, dans une note présentée, en 1886, à l’Académie des sciences de Paris, comment ce vaste tra-