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demi-fixe ou locomobile, ces constructions sont moins importantes ; mais il faut, dans tous les cas, construire une cheminée coûteuse, et la fumée de cette cheminée motive toujours les plaintes des voisins et amène des désagréments.

Une machine à vapeur ne peut s’installer qu’au rez-de-chaussée ; le local qui se trouve au-dessus, s’il en existe, ne peut être utilisé que pour des ateliers, à cause du bruit de la machine et de la chaleur qu’elle répand.

Ces inconvénients disparaissent avec le moteur à gaz, qui peut s’installer à la cave, comme à tout étage, et qui fonctionne sans donner de fumée.

Dans le cas de changement de domicile, le moteur à gaz n’exige que le déplacement de quelques tubes de conduite de gaz et d’eau, et il se transporte comme tout autre meuble. Le déplacement d’une machine à vapeur entraîne toujours, au contraire, à cause de la cheminée, des frais considérables ; et si la machine à vapeur n’est pas du type locomobile, il faut faire la dépense de constructions particulières, pour l’établissement de la chaudière et du moteur sur de nouvelles et solides fondations.

Les avantages généraux, sous le rapport de la commodité et de l’usage pratique, sont donc en faveur du moteur à gaz, comparé à la machine à vapeur.

Quant à la dépense, l’avantage n’est plus assurément du côté du moteur à gaz. La machine à vapeur, grâce aux perfectionnements qu’elle a reçus, entre les mains de Corliss et des ingénieurs qui ont réalisé les divers types à grande détente, à savoir les machines compound, avec les formes dites tandem, à pilon, etc., fournissent actuellement l’énergie motrice avec une économie extraordinaire, contre laquelle le moteur à gaz ne saurait avoir la prétention de lutter.

Il importe, toutefois, de faire remarquer que le parallèle du prix de revient du moteur à gaz et de la machine à vapeur, pour être possible, ne doit pas porter sur le travail continu de l’une et de l’autre. Dans la plupart des cas, et surtout dans les petites localités, le travail que l’on demande au moteur à gaz n’est pas continu ; il ne s’opère qu’à des périodes souvent assez espacées. Par exemple, pour les tirages des journaux, le moteur à gaz ne doit marcher que quelques heures, et s’arrêter ensuite. Dans les brasseries, dans les fabriques d’eaux gazeuses, dans les fonderies et dans beaucoup d’autres industries, l’action du moteur est intermittente. Si ce moteur est une machine à vapeur, il n’en faut pas moins conserver et payer un mécanicien, toute la journée, pour la faire marcher au moment voulu ; il faut chauffer à l’avance la chaudière, la maintenir en pression, pendant le temps où l’on ne travaille pas. Par suite, la dépense de la machine à vapeur est presque aussi considérable que si on la faisait fonctionner utilement toute la journée.

Avec le moteur à gaz, au contraire, la dépense est réduite au strict nécessaire pour la force réellement utilisée, et l’on obtient alors une économie réelle sur la machine à vapeur.

Nous ajouterons que la machine à vapeur ne peut être conduite que par des ouvriers spéciaux ; enfin, qu’elle entraîne nécessairement un certain désordre. Le charbon, les cendres, produisent une poussière noire, qui, agglutinée par la vapeur huileuse qui s’échappe des divers joints ou robinets, engendre une malpropreté inévitable.

Le moteur à gaz est toujours prêt à marcher. Il suffit d’en approcher une allumette, pour le mettre en action, et une fois qu’il est en marche, on n’a plus à s’en occuper.

La propreté la plus grande peut régner autour du moteur, puisqu’il n’y a plus ni charbon, ni fuites de vapeur, et que les organes de la machine sont disposés de façon que les huiles de graissage sont recueillies dans des réservoirs spéciaux.