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C’est ce que l’on fait quelquefois, d’ailleurs, et l’on appelle ce genre d’épreuves des photolithographies.

Mais on ne se propose pas, dans le procédé qui nous occupe, de produire une simple planche pour les lithographes. Il faut donner au dessin un relief considérable, pour qu’il puisse être tiré à la presse des typographes.

L’invention propre de Gillot consiste à avoir trouvé le moyen de creuser profondément la planche de zinc, de manière à lui donner un relief suffisant pour le tirage typographique. Pour cela, on passe sur la planche un rouleau d’encre, et on la met dans un vase contenant de l’acide nitrique, plus concentré que celui qui a servi à la première morsure. On obtient ainsi un relief plus fort. En continuant la même opération un nombre suffisant de fois, on arrive à donner à la planche de zinc gravée un relief très considérable, qui permet le tirage en typographie.

Fig. 68. — Bassin automatique, pour la morsure des plaques par l’acide nitrique.

Dans les ateliers, pour faire agir sur la plaque de métal l’acide nitrique étendu d’eau, on se sert d’un bassin animé d’un mouvement lent et continuel, pour renouveler constamment la surface du contact de l’acide et du métal. La figure ci-dessus montre cet appareil, qui se compose d’un bassin AB, contenant l’acide étendu d’eau, qui reçoit un mouvement continuel de droite à gauche au moyen de la tige T, en rapport elle-même avec l’arbre moteur de l’atelier.

Quand le métal a été attaqué à la profondeur désirée, il ne reste plus qu’à faire le tirage au rouleau des lithographes, ainsi que le montre la figure 69.

La partie essentielle du procédé Gillot, c’est-à-dire la morsure progressive du cliché de zinc par l’acide azotique, a été exposée avec beaucoup de soin par M. L. Davanne, dans un rapport présenté à la Société d’encouragement, et inséré dans le numéro d’août 1883 du Bulletin de cette société. Nous citerons textuellement cette partie du travail du savant écrivain, en raison du nombre des détails qu’il nous donne sur une opération délicate et peu connue.

Sur une planche de zinc de 3 millimètres d’épaisseur, préalablement planée, bien décapée et dont la surface est convenablement préparée, polie ou graissée, suivant les sujets, on obtient, dit M. L. Davanne, l’image à graver avec une substance, encre, bitume ou vernis, formant réserve ; cette image a été produite directement par la photographie. La planche est alors couverte sur le dos, sur les tranches et sur les grands espaces blancs, avec une matière isolante quelconque, qui empêchera l’acide de mordre inutilement ces parties. Les marges et les espaces ainsi ménagés serviront, dans le courant du travail, à soutenir le rouleau encreur et l’empêcheront de plonger dans les creux qu’il ne doit pas atteindre ; ces parties seront ensuite enlevées à la scie à découper.

La planche est alors prête pour la morsure.

L’examen des difficultés à résoudre pour obtenir une bonne gravure nous aidera à mieux comprendre l’ensemble du travail.

Il faut empêcher que l’acide, par le fait de saturation par le zinc et de la densité qui en résulte, ne stationne, à l’état de nitrate de zinc inactif, dans les parties creusées, laissant l’action de l’acide libre se porter vers la surface, miner en