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Seulement, il faut faire un choix entre : 1o les papiers recouverts d’une couche de gélatino-bromure d’argent, qu’ils soient opaques ou transparents, tels que les papiers Morgan, Eastman, Balagny et Lamy ; 2o la simple pellicule de gélatine recouverte d’une couche de gélatino-bromure d’argent, et qui est entièrement transparente.

Les opérateurs consultent leur habitude ou leur adresse, pour se décider entre l’un ou l’autre de ces agents impressionnables.

La difficulté, en voyage, surtout quand on opère avec des glaces, c’est de changer et de manier les glaces dans un lieu obscur. En général, on fait cette opération la nuit, en s’éclairant au moyen d’une lanterne à verres rouges ; mais dans le jour il faut trouver une petite pièce, chambre d’auberge, ou cabine de bateau à vapeur, que l’on puisse transformer en chambre noire, pour y effectuer les changements de négatifs, impressionnés ou non. On doit boucher hermétiquement tous les joints, et se servir, pour cela, de papier noir, dont on doit emporter une bonne provision.

Les lanternes de voyage, que nous avons déjà décrites et représentées dans un autre chapitre (pages 18-19), sont aujourd’hui très employées pour effectuer ces changements à l’abri de la lumière du jour.

Nous parlons seulement ici du maniement des glaces dans des lieux obscurs, et non de la manière d’exécuter en voyage toutes les manipulations de la photographie. Comme nous l’avons dit, il ne saurait, en effet, être question de terminer des clichés en voyage. On ne peut y songer que si l’on séjourne quelque temps dans une ville où l’on puisse trouver un atelier propice aux travaux de photographie. On ferait, sans cela, de mauvaise besogne.

Il est, toutefois, indispensable d’emporter quelques cuvettes, afin de pouvoir développer quelques clichés, pour s’assurer si l’on n’a pas commis d’erreur sur le temps de pose. Faisons remarquer seulement que s’il doit s’écouler un temps assez long entre la pose des épreuves pendant le voyage et leur développement au retour, il faut augmenter un peu la durée de l’exposition à la lumière.

Nous passons à une seconde série d’appareils de voyage, d’une dimension plus réduite encore, et auxquels on a recours quand il ne s’agit que de saisir rapidement certaines vues de la nature ou de l’art. Nous voulons parler des appareils dits de poche, ou à main, pour lesquels le pied de la chambre obscure est totalement proscrit.

Ici le format du cliché étant extrêmement restreint, son agrandissement est obligatoire.

L’appareil à main tend de plus en plus à s’introduire dans les habitudes des amateurs de photographie. On peut, grâce à ces minuscules instruments, opérer instantanément, et pour ainsi dire sans s’arrêter dans sa marche. Il est possible, en effet, de saisir et de fixer le portrait d’une personne sans qu’elle en soit aucunement prévenue. Tout le monde sait qu’un Musulman, de par sa foi religieuse et morale, ne consent jamais à poser pour son portrait. Ce n’est qu’en recourant à des subterfuges inouïs, que l’on peut reproduire par le dessin les traits d’un serviteur de Mahomet. Mais avec un appareil de photographie de poche, on peut, en dépit d’Allah, portraicturer un Turc.

L’appareil de poche a un objectif toujours prêt à fonctionner, et une chambre obscure disposée de telle sorte que l’opérateur n’ait qu’à viser l’objet, et à lâcher la détente qui découvre l’obturateur. C’est un fusil chargé, toujours prêt à partir, à la volonté du chasseur.

Les appareils de poche, ou à main, sont nombreux aujourd’hui ; ce qui ne veut pas dire qu’ils soient parfaits. Nous les citerons seulement pour donner une idée des