Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Notons, en passant, que l’on peut, avec les glaces gélatino-bromurées, rendre avec une entière fidélité les tons de la nature. Tout le monde sait qu’en photographie le vert, le rouge et le jaune impressionnent faussement les surfaces sensibles : ces couleurs viennent en noir dans les épreuves positives. Au contraire, le bleu et le violet se traduisent en blanc. De là, sur les tableaux reproduits par la photographie, une traduction peu fidèle des couleurs du modèle, et d’autant moins fidèle que les couleurs sont plus vives. Une robe jaune, par exemple, donne un ton bien plus vif sur l’épreuve photographique ; au contraire, une robe bleue, ou violette, paraît bien plus lumineuse sur l’épreuve que dans la nature. Dans l’uniforme du soldat français, le rouge paraît beaucoup moins vif que le bleu, ce qui est l’opposé des tons naturels.

Or, on a reconnu que certaines matières colorantes ajoutées au gélatino-bromure d’argent rendent exactement les couleurs jaune, rouge et verte. Telles sont l’orsine, l’éosine, la résorcine, la cyanine, l’érythésine, l’azuline. On peut donc, en faisant usage de ces substances, être assuré de reproduire très exactement tous les tons d’un tableau. Il faut savoir seulement que les glaces ainsi préparées, sauf celles à l’azuline, ne se conservent que quelques jours.

Nous devons ajouter que, traitées de cette manière, les glaces exigent un temps de pose plus long que d’ordinaire.

On appelle isochromatiques les glaces qui ont reçu la préparation spéciale que nous venons de décrire.

Pour reproduire des tableaux, il est indispensable de faire usage de glaces isochromatiques, et si l’on n’en a pas sous la main, il faut savoir les préparer. La formule suivante a été donnée par MM. Mallmann et Scolick.

On laisse tremper la glace dans une solution aqueuse d’ammoniaque à 1 p. 100, pendant deux minutes, puis on la plonge pendant une minute environ dans :

Eau 
175 c. c.
Ammoniaque 
4 c. c.
Solution d’érythrosine, à 1 p. 100 
25 c. c.

Égoutter, laisser sécher et exposer. La meilleure lumière pour la reproduction des tableaux est celle du pétrole.

Après cette digression sur l’avantage particulier que donnent les glaces gélatino-bromurées, de reproduire avec fidélité les tons de la nature, quand on leur ajoute les agents ci-dessus nommés (éosine, résorcine, etc.,) nous arrivons à l’objet de ce chapitre, qui est la description de la série d’opérations à exécuter pour obtenir une épreuve négative sur la glace recouverte de gélatino-bromure d’argent.

Il faut commencer par placer la glace dans le châssis négatif.

Fig. 2. — Châssis négatif, à volet.

On appelle châssis négatif la planchette qui doit être substituée à la glace dépolie de la chambre noire, pour remplacer la surface sensible, c’est-à-dire la glace gélatino-bromurée, sur laquelle doit se faire l’impression lumineuse. Pour cela, le côté intérieur du châssis, celui qui est destiné à s’ouvrir, pour exposer la glace à la lumière, est fermé, soit par un volet, qu’on rabat pendant la pose, soit par un rideau qui, en se déroulant, va se loger derrière le châssis. On voit dans la figure ci-dessus le châssis à volet, c’est-à-dire le modèle principal de châssis en usage dans les ateliers.

Le châssis doit s’adapter assez exactement au devant de la chambre, pour ne laisser pénétrer aucune lumière à l’intérieur de cet