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bages. La densité finale varie de 1,625 à 1,665.

« Pour les poudres de 13,38 et 54 millimètres on fait le galetage en deux opérations distinctes.

« Dans la première, s’il s’agit par exemple de la poudre de 13 millimètres, on forme des galettes de 6 millimètres et demi d’épaisseur, dites primaires, composées d’un mélange de poussier humecté de 3 à 4 p. 100 d’eau, avec 30 p. 100 de grain séché ; ce grain a environ 2 millimètres de grosseur et sa densité varie de 1,600 à 1,620. La densité des galettes primitives est comprise entre 1,600 et 1,650.

« Dans la seconde opération, on forme les galettes finales en réunissant deux par deux les galettes primaires, de manière à les souder ensemble, par un nouveau galetage. Pour la poudre de 13 millimètres, la densité des galettes finales varie de 1,680 à 1,690. La densité des galettes primaires pourrait être diminuée, ce qui faciliterait le soudage, mais le maniement en deviendrait plus difficile en raison de leur plus faible consistance. »

Cette remarque est d’autant plus vraie, et l’objection est d’autant plus forte qu’à trois reprises différentes de graves accidents ont eu lieu, provoqués uniquement par l’emploi de galettes moins denses.

En divisant en deux opérations bien distinctes le galetage les ingénieurs autrichiens cherchent surtout à obtenir des poudres progressives. Ils y sont parvenus ; en d’autres termes, l’accroissement de vitesse correspondant à une augmentation uniforme de la charge croît en même temps que la charge elle-même. Pour le canon de 15 centimètres de la marine, si l’on substitue une charge de 9 kilogrammes à une charge de 8 kilogrammes et demi, l’augmentation de la vitesse initiale est 12 mètres 62 centimètres ; si l’on porte la charge de 9 à 9 kilogrammes et demi, la vitesse initiale croît de 14 mètres 36 centimètres ; enfin, si la charge passe de 9 kilogrammes et demi à 10 kilogrammes, l’augmentation de la vitesse initiale n’est pas inférieure à 21 mètres.

C’est bien là le caractère essentiel d’une poudre progressive.

En Allemagne, l’importante poudrerie de Dünebourg est située, près de Hambourg, dans une propriété de M. de Bismark. D’après le rapport de M. l’ingénieur Desortieux, la Société des poudreries de Rossweil-Hambourg, qui possède actuellement la poudrerie de Dünebourg, a fait un bail de vingt-cinq ans avec le tout-puissant chancelier de l’empire d’Allemagne.

Nous venons de parler des poudreries autrichiennes, il n’est pas sans intérêt de visiter, avec M. l’ingénieur Desortieux, une poudrerie prussienne.

La poudrerie de Dünebourg, dont nous donnons le plan, dans la figure ci-contre, est située sur les bords de l’Elbe ; sa superficie est d’environ quatre-vingts hectares. Deux machines accouplées fournissent une force motrice totale de trois cents chevaux. Chaque compartiment d’une usine ne contient qu’un seul appareil. Le séchoir et les magasins forment un groupe à part, auprès du champ de tir, où les canons sont installés à 120 mètres de la chambre à sable.

Cent cinquante ouvriers sont occupés à la poudrerie de Dünebourg ; ils travaillent, tantôt de cinq heures du matin à sept heures du soir, tantôt de sept heures du soir à cinq heures du matin. L’administration leur donne des vêtements sans poches. Tous les matins et tous les soirs, quand ils se présentent à la porte d’entrée, ils sont fouillés, et pourvus de chaussures spéciales, sans clous. Le sol des ateliers est recouvert de tapis ; une couche de paille ou de varech est étendue devant chaque porte ; les ouvriers y jettent le sable et les détritus. La poudre ou les matières premières qui tombent à terre sont immédiatement déposés dans une boîte métallique mouillée. D’après le règlement, « avant d’entreprendre une réparation dans les ateliers, on doit enlever les matières en cours de fabrication, et le sol doit être mouillé de façon qu’une étincelle ne puisse pas provoquer d’inflammation.

« Il est interdit de fumer, de boire de l’eau-de-vie, d’apporter des couteaux, des