tendresse. Elle se laisse caresser, elle a fait asseoir sa mère et s’est mise à genoux à ses pieds.
— Relève-toi, Laure, tu vas gâcher ta robe.
Laure, ramenée à la réalité, propose à sa mère de s’éloigner de cette demeure.
— Pauvre petite, je ne suis plus jeune, mon travail demain sera aussi harassant que celui d’aujourd’hui, je préférerais rester dans cette chambre, nous y sommes si tranquilles.
— Oui, mais maman, nous ne pouvons y causer sans être entendues.
— Y-a-t-il du mal à laisser savoir à des étrangers qu’une mère et une fille s’aiment ?
— Non, au contraire, pourtant j’ai une requête à vous présenter, qui, je le crains, n’ira pas sans un peu de discussion. Je serais surprise que vous soyez tout de suite de mon avis.
— Aimes-tu encore quelqu’un ?
Laure eut un petit sourire triste qui échappa à sa mère. Elle était tournée vers la fenêtre et regardait une bande d’oiseaux qui étaient venus se poser sur une branche d’arbre s’avançant jusqu’à la croisée.
— Non, maman, ou plutôt oui, mais quelqu’un que personne ne peut m’empêcher d’aimer.
— Qui donc, alors, mon enfant.
Laure a passé ses bras autour du cou de sa mère, appuyant câlinement sa tête sur son épaule, elle dit d’une voix très basse : « Mon père. »
Marie Lavoise eut un sursaut et repoussa sa fille.