Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 8 —

Elle va remiser l’auto.

Madame des Orties reçoit affectueusement Benoît, le fils de sa sœur. L’accueil, dont elle gratifie le jeune étranger qui l’accompagne, est cordial. Celui-ci se croit obligé de lui faire compliment de sa jeune fille.

— Je vous remercie, Monsieur, inutile de vous dire que nous l’aimons bien, cette enfant si joyeuse.

Au même moment Pierrette fait son entrée au salon.

Madame des Orties, désireuse de mettre les choses bien au point, ajoute aussitôt :

— Pour une jeune fille dont le fiancé sera absent plusieurs mois, elle n’a pas l’air désolée.

Pierrette répond en souriant :

— Charlie ne court aucun danger. Ce voyage ne pouvait être retardé. Je ne veux pas être sentimentale et me casser la tête pour rien. La vie serait vraiment belle à ces conditions. Je reçois trois ou quatre lettres par semaine, c’est un peu de sa présence. Quand nous serons mariés, Charlie partira ainsi chaque fois qu’il aura une mission ; et il compte justement sur ma gaieté, disait-il l’autre jour :

— Quand je serai parti en voyage d’arpentage, je ne serai pas inquiet de ma Pierrette. Ce n’est pas elle qui deviendra neurasthénique.

M. de Morais prit congé vers les onze heures, promettant à Benoît de l’appeler le lendemain.

Madame des Orties se retira presqu’aussitôt. Benoît et sa cousine restèrent encore quelques minutes en tête à tête.

— Penses-tu pouvoir nous conduire aux Chutes Montmorency, ou à Sainte-Anne demain ? ou ailleurs, si tu préfères.

— Nous verrons suivant la température quelle excursion, il nous sera possible d’organiser.

— Dis donc, Pierrette, dans tes lettres, tu n’as jamais mentionné que ta mère eut fait l’acquisition d’une auto.

— Non, c’est la voiture de Charlie. Quand il est parti l’autre jour, je lui ai offert de la reprendre. Il