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Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/108

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part à sa mère de ses démarches et de leur apparent insuccès ; n’a-t-on pas promis de s’occuper d’elle ?

Après le repas, sans se donner une minute de répit, elle court à l’appareil téléphonique, et se met en communication avec des connaissances, les prie de bien vouloir se souvenir que leur maison est à louer : s’ils rencontrent quelqu’un à la recherche d’un logis répondant à la disposition du leur, de leur envoyer ces personnes : ce serait un réel service à leur rendre.

Épuisée de sa nuit sans sommeil, et de toutes ces démarches affolantes, de cette vie à laquelle elle n’est pas habituée, Pierrette s’est assise dans la chaise longue du boudoir : des chiffres courent et se croisent dans sa tête, puis avec la facilité de la jeunesse, elle s’endort.

Depuis combien de temps reposait-elle ainsi, quand Yvonne se présenta, et mettant la main sur son bras replié sous sa tête lui dit intimidée :

— Mademoiselle, je regrette bien de vous déranger, mais il y a un Monsieur au salon qui demande à parler à Madame. J’ai pensé que ce sont encore des affaires, n’est-ce pas que c’est mieux vous ?

Pierrette est sur pieds et n’écoute pas le long discours d’Yvonne.

Elle se présente sans faire attendre davantage. Sa démarche est digne, avec quelque chose de grave et de sérieux qui surprend chez une jeune fille de cet âge.

Elle interroge avec tact et discrétion.

C’est un locataire possible. Elle se met à ses ordres pour lui faire visiter la maison.

En parcourant les chambres sur lesquelles il ne jette en apparence qu’un coup d’œil distrait, il s’informe :

— Mademoiselle, votre annonce indique possession immédiate. Avez-vous retenu un appartement au cas où vous devriez évacuer celui-ci plus tôt que vous ne le pensez ?

Réfractaire aux inquisitions, nullement disposée à introduire un étranger dans ses affaires, tout son orgueil se cabre, elle répond évasiment :