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siasme. Mais la maman restait silencieuse, elle se voyait obligée de vendre ses meubles et s’imaginait déjà vivant dans un taudis.

Pierrette, assez perspicace pour deviner les craintes que sa mère n’osait émettre, réussit à la rassurer. Les meubles, il ne pouvait être question de les vendre immédiatement, et pourquoi, elles n’y étaient nullement forcées. Elle s’était réservé la jouissance du garage, nous y mettrons tout ce qui sera de trop pour notre petit logis.

Sa mère l’admirait sans réserve.

— Tu penses à tout. J’ai eu tort de te laisser ignorer nos affaires si longtemps, nous n’en serions peut-être pas où nous en sommes.

— Je ne pense qu’à cela. Dès demain, je me mettrai à la recherche d’un beau petit plain-pied. Le passé n’en parlons plus, il est mort. M’eussiez-vous offert de m’occuper de vos finances quand elles étaient prospères, je me serais certainement récusée. J’arrive à me débrouiller avec rien, une fortune m’aurait fait peur. Elle souriait : « Vous le savez bien, je vivais dans un rêve, il fallait une catastrophe pour m’apprendre ce qu’est la vie. Non, vous n’avez rien à regretter. »

— Veux-tu que je t’accompagne dans tes recherches ? mignonne.

— Non, maman, vous useriez vos forces à me suivre.

Le lendemain avant de s’éloigner elle avait recommandé à Yvonne :

— Commence à empaqueter, je ne sais pas où nous irons mais nous partirons bientôt. Ingénie-toi à ne pas troubler les habitudes de maman.

Elle entra vers la fin de l’après-midi. Sans enlever son chapeau, elle se presse vers le boudoir, sa mère est occupée à lire ; au bruit de ses pas, elle relève la tête et l’interroge du regard.

— Oui, j’ai trouvé, mère, et je viens vous prier de m’accompagner. Je voudrais que vous voyiez avant de prendre une décision définitive.