Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

CHAPITRE SEPTIÈME

DEMANDE EN MARIAGE


Il fait un froid de loup. Pierrette est allée visiter ses protégés qu’elle a quelque peu négligés durant le séjour de Guy de Morais à Québec. Elle a fait le trajet à pied par un de ces caprices qui lui sont coutumiers.

Elle arrive, grimpe l’escalier rapidement, frappe et s’introduit. À sa surprise, elle se trouve nez à nez avec un homme aux formes de colosse, ses larges épaules lui barrant le passage.

— Que venez-vous faire ici, la petite ? C’est bien vous qui racontez des sornettes à ma femme.

Pierrette n’a jamais connu la peur ; elle relève son front volontaire, ses yeux lancent des éclairs.

— Je ne viens pas conter des sornettes à votre femme. Mais à vous, je puis vous dire quelque chose : vous êtes un sans cœur. Sans notre intervention, votre femme serait morte de faim et de misère, sans que vous pensiez à faire quoi que ce soit pour la soulager, et vous avez promis d’être son soutien : lâche !

Sa voix se faisait vibrante pour flétrir cet homme qu’elle avait tant désiré rencontrer au cours de ses visites, afin de lui dire son fait, elle ne manquerait pas cette occasion, peut-être unique.

— Allez-y doucement, la petite, ne venez pas m’insulter ici, je suis chez moi.

Pierrette le regarde avec un air de dédain si frappant qu’il se retire de quelques pas et glisse les mains dans ses poches.

— Je veux bien être poli avec vous, mais vous vous croyez des droits parce que vous avez fait de petits ca-