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Après quelques minutes de réflexion Madame des Orties s’hasarda à demander :

— Pierrette, pourquoi ne demanderais-tu pas à Guy de Morais de venir s’établir au Canada ?

— Maman, c’est impossible. La position qu’il tient si brillamment aux États-Unis, en trouverait-il la pareille ici ?

— C’est vrai, mais il s’adapte facilement puisque français d’origine, et a su se tailler une situation enviable dans un pays étranger.

— Maman, dit Pierrette, je vois ce qui vous ennuie dans cette question de mariage. Vous resterez bien seule. La solution est toute trouvée, vous venez avec nous à New-York.

Elle est restée étourdie de ce qu’elle vient de dire. Était-elle bien décidée à dire : oui, à la demande de Guy de Morais, surtout en avait-elle le droit ?

— Comme tu y vas, chérie, me vois-tu transplantée là-bas ? Une seule raison pourrait m’y décider : si j’avais des raisons de croire que ce Monsieur ne te donne pas tout le bonheur que tu es en droit d’attendre. Alors seulement, j’irais étudier la question sur les lieux, juger par moi-même de la vie qui t’est faite.

— Maman, vous êtes injuste à l’égard de Guy de Morais. Qu’y a-t-il dans sa conduite qui puisse vous donner à douter de son caractère ?

— Mon enfant, je me défie de tout ce que je ne connais pas.

Elles discutèrent encore quelque temps. Madame des Orties décida d’attendre une semaine ou deux avant de faire tenir sa réponse.

— N’allons pas montrer trop d’empressement, et laisser croire que cette demande nous flatte outre mesure. Tu n’ignores pas, chérie, que la lettre de Guy de Morais en contenait une de son père exposant lui-même les souhaits de son fils, et t’assurant que toute la famille serait honorée de ta réponse affirmative, d’après les renseignements fournis par Guy sur ton compte.