Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/101

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acceptent le joug de leur ennemi : l’orgueil.

57-58. L’orgueil les mène aux conditions malheureuses ; même dans la condition humaine, ils vivent sans joie, mangeant le riz des autres, esclaves, inintelligents, laids, maigres, méprisés de tous, pauvres diables paralysés par l’orgueil. Si de tels hommes comptent au nombre des orgueilleux, quels seront, dis-moi, les avilis ?

59. Ceux-là sont fiers, victorieux, héroïques, qui mettent leur orgueil à vaincre cet ennemi : l’orgueil ; qui ayant écrasé l’orgueil, cet ennemi frémissant, proclament au monde, selon leur désir, le fruit de leur victoire51.

60. Jeté au milieu de la bande des Passions, qu’il soit mille fois plus fier, invincible qu’il est aux Passions, comme le lion aux troupeaux de gazelles.

61. La plus pressante nécessité ne saurait faire que l’œil perçoive les saveurs ; de même les plus pénibles épreuves ne sauraient faire que le Bodhisattva cède aux Passions.

Joie.62. L’action qu’il entreprend, il doit s’y adonner passionnément, s’y mettre avec ivresse, d’un cœur insatiable, comme un joueur dévoré du désir de gagner.

63. Toute action a pour but le bonheur : elle peut le donner ou non ; mais celui dont le bonheur consiste dans l’action même, comment serait-il heureux s’il n’agit pas ?