prête à rire de son ignorance, il monta en chaire et prononça, à l’admiration générale, le Bodhičaryâvatâra, qui se conserva, dans la suite, en trois recensions plus ou moins complètes : celle du Kachmir, celle de l’Est, et celle du Madhyadeça. Après cet exploit, Çântideva se retira dans le pays de Kaliṅga, où il accomplit divers miracles qu’il n’y a aucun intérêt à rapporter.
De tout ceci une donnée au moins est à retenir : c’est la date. Harsha Çîlâditya étant mort probablement en 648[1], Çântideva serait à placer vers le milieu du viie siècle. Cette époque est vraisemblable : en tout cas son poème était traduit en chinois dès la fin du xe siècle[2] et en tibétain dès la première moitié du xie[3].
Outre le Bodhičaryâvatâra, Çântideva composa deux autres ouvrages : l’un qui est perdu, le Sûtrasamuččaya, « Compendium des Sûtras » ; l’autre le Çikshâsamuččaya, « Compendium de la doctrine », qui existe encore et a été publié par C. Bendall dans la Bibliotheca buddhica (Saint-Pétersbourg, 1897-1902).
Si l’hagiographie nous renseigne bien peu sur ce personnage, son œuvre est plus instructive : il