Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/74

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pas ceux qui en profitent de souhaiter la perte du maître que sa dureté leur rend odieux.

5. Ses amis mêmes se dégoûtent de lui ; il donne et n’est point servi ; bref, il n’est rien par quoi l’homme irascible puisse être heureux.

6. Celui qui, reconnaissant dans la colère l’ennemi auteur de tous ses maux, l’attaque avec énergie, celui-là est heureux en ce monde et dans l’autre.

7. Né de la crainte réalisée ou du désir trompé, le mécontentement est l’aliment de la haine qui, fortifiée par lui, me perdra.

8. Donc, je détruirai l’aliment de cet ennemi, qui n’a d’autre rôle que de m’assassiner.

9. Que la pire calamité me survienne, ma joie n’en doit pas être troublée ; car le mécontentement lui aussi est sans plaisir, et de plus il dissipe le mérite acquis.

10. S’il y a un remède, à quoi bon le mécontentement ? S’il n’y a pas de remède, à quoi bon le mécontentement ?

11. Douleur, humiliation, propos blessants, diffamation, tout cela nous le craignons pour nous et ceux que nous aimons, mais non pour notre ennemi, au contraire !

12. Le plaisir s’obtient à grand’peine ; la douleur vient sans qu’on y pense : or la douleur, c’est le salut ; sois donc ferme, ô mon âme !