Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/156

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ne te révolte pas contre Dieu, le maître de l’univers. » Tour entendit ces paroles et ne répondit pas ; son cœur était plein de rage, sa tête pleine de vent. Il tira un poignard de sa botte, et couvrit Iredj du haut en bas d’un torrent de sang, déchirant la poitrine royale de son frère avec son poignard d’acier, dévorant comme le poison. Le haut cyprès tomba, les entrailles du roi étaient déchirées. Le sang coulait de ce visage plein de roses, et le jeune maître du monde avait cessé de vivre. Alors Tour sépara avec son poignard la tête couronnée de ce corps, semblable au corps d’un éléphant, et tout fut fini. Ô monde ! toi qui l’avais élevé sur ton sein, tu n’as pas eu pitié de sa vie ! Je ne sais à qui tu es favorable en secret, mais il faut pleurer de ce qui apparaît de ton action. Et toi, homme confondu d’étonnement, dont le cœur est plein de douleur et de peur du monde, et troublé, comme celui de ces rois, par le désir de la vengeance, prends leçon de ces deux méchants.

Tour remplit le crâne d’Iredj de musc et d’ambre ; il l’envoya au vieillard qui avait distribué le monde, et lui fit dire : « Voilà la tête de ce mignon sur laquelle était revenue la couronne de nos pères. Donne-lui maintenant la couronne ou le trône ! Il est tombé, cet arbre des Keïaniens qui jetait au loin son ombre ! » Les deux méchants s’en retournèrent, l’un vers la Chine, l’autre vers Roum.