Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dème et du trône. Aussitôt qu’il fut sorti du sein de sa tendre mère, on le porta au roi. Celui qui le portait dit : « Ô maître de la couronne, que ton âme se réjouisse ! regarde cet Iredj. » Les lèvres du maître du monde se remplirent de sourire, tu aurais dit qu’Iredj lui était né de nouveau ; il prit l’enfant illustre entre ses bras, et adressa une prière à Dieu : « Plût à Dieu que ma vue me fût rendue, qu’il me permît de voir la face de cet enfant ! » Et Dieu, dès que Feridoun l’eut prié, lui accorda ce qu’il demandait, et lui rendit la vue. Le roi, aussitôt qu’il vit ce monde plein de lumière, jeta les yeux sur le nouveau-né, disant : « Que ce jour soit béni ! que le cœur de mes ennemis soit déchiré ! » Il fit apporter du vin brillant et des coupes précieuses, et donna à l’enfant au visage ouvert le nom de Minoutchehr, en prononçant ces paroles : « Une branche digne d’une mère et d’un père purs a porté fruit. » Il éleva l’enfant de manière que le vent du ciel n’osait passer sur lui. Le pied de l’esclave qui le portait ne touchait jamais la terre, il ne marchait que sur du musc odorant, et la tête couverte d’un parasol de brocart. Ainsi les années passèrent sur lui sans que les astres lui envoyassent de malheur. Le glorieux roi lui enseigna les vertus dont il avait besoin pour régner. Feridoun ayant recouvré son cœur et ses yeux, le monde entier fut de nouveau rempli de sa renommée.