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saient une aristocratie territoriale qui sut garder, même sous le gouvernement des Arabes, son influence locale. Il était naturel que de telles familles conservassent avec un soin particulier les traditions et les souvenirs historiques de leurs localités et de leurs aïeux ; car une grande partie d’entre elles se rattachait aux anciennes maisons royales et princières de l’empire persan, dont les hauts faits fournissaient la matière de ces relations.

Le premier essai pour réunir ces traditions précieuses paraît avoir été fait au VIe siècle, sous les derniers Sasanides, par ordre de Nouschirwan, qui fit recueillir dans toutes les provinces de son empile les récits populaires concernant les anciens rois, et en fit déposer la collection dans sa bibliothèque. Ce travail fut repris sous le dernier roi de cette dynastie, Iezdedjird, qui chargea le Dihkan Danischwer, un des hommes de la cour de Madaïn les plus distingués par la naissance et le savoir, de mettre en ordre les matériaux recueillis par Nouschirwan, et de remplir les lacunes qu’ils offraient. Voici comment Firdousi rend compte de ce travail :

« Il y avait un livre des temps anciens dans lequel étaient écrites beaucoup d’histoires. Tous les Mobeds en possédaient chacun une partie, et chaque homme intelligent en portait un fragment avec lui. Or, il y avait un Pehlewan (chef militaire) d’une famille de Dihkans, brave et puissant, plein d’in-