listes ne tombent pas d’accord sur la caractéristique même de l’espèce.
La deuxième partie nous offre un ordre de faits infiniment intéressants. Il s’agit des phénomènes d’hybridité dans les groupes humains. Le problème consiste à savoir si tous les hommes, quelles que soient leurs différences de couleur, de physionomie ou de civilisation, sont aptes à produire, en se croisant, des générations indéfiniment fécondes. Le Dr Broca, ne pouvant nier complètement un fait en faveur duquel parlent tant de preuves, a distingué deux cas : l’un ou le croisement de certaines races est eugénésique, l’autre où il ne l’est pas. Le premier cas, étant conforme à l’opinion générale, ne mérite pas qu’on s’y attarde. Mais il est curieux de voir les arguments sur lesquels va s’appuyer le savant, pour établir la réalité du second. C’est d’une finesse sans exemple.
« Nous examinerons à la fois le métis, dit-il, sous le rapport de la fécondité et sous le rapport de la validité physique ou morale, car au point de vue qui nous occupe, il suffirait que certains métis fussent inférieurs aux deux races mères sous le rapport de la longévité, de la vigueur, de la santé ou de l’intelligence, pour rendre fort probable que ces deux races ne sont pas de même espèce[1]. »
Le programme seul nous indique déjà combien le savant anthropologiste s’est senti faible, en abordant cette thèse.
C’est pour la première fois qu’il tient compte des qualités psychologiques, à côté des autres caractères que les naturalistes mettent ordinairement en ligne, pour établir ou vérifier une classification. Avoir jusque-là refusé toute valeur zootaxique à l’intelligence et la morale, puis s’y rabattre dans une question où il règne tant d’incertitudes, ce n’était pas prendre le chemin le mieux fait pour parvenir à une
- ↑ Broca, loco citato, p. 521.