Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/119

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convaincante que toutes les règles de la logique, c’est celle des faits. Or l’immense quantité de métis qu’on rencontre partout où les deux races se sont trouvées en communication permanente, est un fait trop saillant, trop universel, pour qu’on soit obligé de recourir à d’autres ressources de dialectique, lorsqu’il faut en démontrer la haute signification.

Il ne restait donc aux adeptes du polygénisme qu’un seul moyen de continuer leurs argumentations, où ne brillent que les paradoxes les plus audacieux, alliés à un art parfait d’embrouiller les questions et de les rendre insolubles. C’était de soulever des doutes sur la fécondité inter se des métis issus du blanc et de la négresse ou du noir et de la blanche. On saisira vite le motif de la discussion. Le cheval et l’ânesse, animaux d’espèces différentes, donnent par leur croisement le produit hybride qui est le mulet ; mais cette espèce hybride est d’ordinaire inféconde. S’il était prouvé que le mulâtre est infécond, comme le mulet auquel on a semblé l’assimiler par le nom, on pourrait positivement affirmer que ses parents sont aussi d’espèces distinctes.

J’omets le cas ou l’hybride se croise fructueusement avec l’une ou l’autre des deux espèces qui l’on produit (hybridité paragenésique de Broca). Toutes ces distinctions savantes peuvent difficilement s’observer d’une manière précise au milieu des faits nombreux et variés que laisse constater la nature, sans qu’on puisse jamais leur assigner un caractère fixe. Mais ce qu’il fallait surtout au grand polygéniste, pour avoir sur ses adversaires une victoire complète, c’était de prouver que les mulâtres ne sont pas continuellement féconds entre eux.

Le fait de la grande fécondité des mulâtres est tellement connu de tous ceux qui ont vécu dans les pays où se rencontrent les races métisses, que l’on ne peut s’empêcher